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c’était tout à la fois se tenir dans la mesure d’un acte purement comminatoire et faciliter, si cela devenait nécessaire, une marche en avant vers la capitale : dépasser cette limite et faire immédiatement un pas de plus sur Pékin, c’eût été trop. On se trouvait donc établi à Tien-tsin dans la meilleure situation pour négocier ou pou combattre. Du reste, l’incertitude ne devait pas être de longue durée. Kouei-liang arriva le 31 août, ainsi qu’il l’avait annoncé ; il sollicita une entrevue avec les ambassadeurs, qui exigèrent au préalable une réponse écrite à leurs demandes. Voici la dépêche qu’il adressa, le 3 septembre, au baron Gros ainsi qu’à lord Elgin :


« Kouei et Hang, etc., ont reçu la dépêche que votre excellence leur a fait l’honneur de leur écrire, et, après en avoir pris connaissance, ils ont acquis la certitude que votre excellence désirait voir la paix se rétablir et non la guerre continuer. Nous venons donc ici par ordre de l’empereur, et nous déclarons en premier lieu que l’on doit en revenir à l’exécution du traité signé en 1858, et que toutes les clauses de l’ultimatum notifié par votre empire au mois de mars dernier et rappelé dans votre dépêche du 30 août sont acceptées sans restriction.

« Nous prions donc votre excellence de vouloir bien faire suspendre les hostilités pour assurer le rétablissement de la paix. Quant à l’indemnité, il restera à nous entendre sur le mode d’en répartir le prélèvement dans les douanes des ports ouverts au commerce étranger.

« Nous vous envoyons la présente dépêche en attendant que nous convenions d’une entrevue dans laquelle nous nous concerterons sur le voyage à Pékin et sur l’échange des ratifications du traité. »


Les termes explicites de cette dépêche ne laissaient rien à désirer. Le même jour, 3 septembre, les deux ambassadeurs répondirent qu’il ne s’agissait plus que de fixer une entrevue entre les secrétaires et les interprètes pour libeller la convention d’après les bases acceptées. Cette convention serait ensuite signée. Les commandans alliés suspendraient alors les opérations militaires, et les ambassadeurs se rendraient à Pékin avec des escortes convenables, pour y procéder à l’échange des ratifications des traités de 1858, et pour remettre à l’empereur de Chine les lettres autographes de l’empereur des Français et de la reine d’Angleterre. Tel était le programme tracé par le baron Gros et lord Elgin, programme qui fut accepté par la fixation au 7 septembre des conférences préparatoires, auxquelles devaient prendre part les secrétaires et les interprètes. Les commissaires impériaux avaient bien, dans une dépêche spéciale, soumis au baron Gros quelques objections au sujet de l’indemnité supplémentaire de 30 millions qu’il réclamait, tandis que lord Elgin se bornait à demander un supplément de 15 millions ; mais, bien que l’ambassadeur français se fût dispensé de répondre à cette communication et maintînt par là son