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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



31 juillet 1865.

Les élections municipales ont été l’occasion d’un succès notable pour l’opinion libérale. Les élections, à quelque degré qu’elles s’exercent, sont des manifestations directes de l’opinion publique, des phénomènes représentatifs par excellence. On aura beau dire de l’élection des conseillers municipaux qu’elle n’a point une grande portée politique, qu’il n’est question là après tout que de la gestion d’affaires purement locales, et que le débat s’agite entre des ambitions et des rivalités de clocher. Il serait puéril et maladroit de ne vouloir regarder les élections municipales que par le petit bout de la lorgnette : l’importance du mouvement électoral auquel nous assistons ne tient point à la nature des fonctions municipales ; elle dérive de ce mouvement électoral lui-même, des tendances qui s’y sont révélées, de la direction des esprits qui s’y est fait jour, en un mot de la signification générale des élections. À ce point de vue, les élections qui viennent de s’achever peuvent donner à penser utilement soit au gouvernement, si intéressé à ne point se méprendre sur la marche de l’opinion publique, soit à l’opposition libérale, qui commence à gagner la faveur du pays et qui doit s’efforcer de la mériter chaque jour davantage.

D’abord il ne saurait plus y avoir de contestation sur le succès moral de l’élection. Ce succès appartient à l’opposition libérale. C’est cette opposition qui a remporté les avantages les plus significatifs ; c’est elle qui a été portée, soulevée et avancée par le flot qui monte. Vainement la presse officieuse a-t-elle essayé de donner le change sur ce point décisif par un escamotage de mots aussi ridicule que disgracieux. Obéissant à un bizarre mot d’ordre, la presse officieuse a donné le nom de listes municipales aux listes agréées ou patronnées par l’administration ; mais elle a omis de dire que, dans la plupart des grandes villes, l’administration, prévoyant qu’elle ne pourrait disputer la victoire à certains candidats de l’opposition, les