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des deux gun-boats, est enfoncé ; les chaînes qui le liaient à son compagnon se brisent, et il coule, laissant le Miami seul aux prises avec l’Albermate. En vain à bond de la canonnière essaie-t-on de fusiller les artilleurs confédérés, par leurs sabords, que l’on peut toucher de la main ; ils les tiennent soigneusement fermés. En vain, le brave Flusser tâche-t-il de décharger son artillerie à bout portant sur la carapace ; ses boulets ricochent sur la surface inclinée du navire ennemi, se brisent et reviennent en éclats contre son propre équipage. Lui-même finit par être tué de cette manière, et le Miami est trop heureux de s’échapper, sans être détruit, d’un combat aussi inégal. Privé de son appui naval, Plymouth est emporté par les rebelles, Quelques jours se passent ; le ram paraît sur un autre point de la mer intérieure, accompagné de plusieurs transports à vapeur chargés de troupes, et méditant, sans doute quelque nouvelle entreprise. Il est rencontré par quatre canonnières fédérales, bâtimens légers en bois, perméables, à l’artillerie, du plus faible calibre. Deux d’entre elles cependant sont des navires d’assez grandes dimensions, connus sous le nom de double-enders, parce qu’ils ont un gouvernail à l’avant et à l’arrière, et peuvent naviguer dans les passes étroites sans avoir besoin de tourner. Ces navires sont à roues, et, quoique chargés de douze pièces d’artillerie de gros calibre, tirent très peu d’eau et n’en tiennent pas moins bien la mer. Leur tonnage est de 1,000 tonneaux. Les quatre canonnières marchent courageusement à l’attaque de l’Albermale, manœuvrant seulement de façon à éviter ses coups de bélier. Comme d’usage, les boulets fédéraux, ne font que ricocher sur sa carapace. On essaie alors d’un autre moyen de destruction : le Sassacus, un des double-enders, prend son élan et, vient à toute vapeur frapper le ram par le travers. Celui-ci se, couche en partie sous le choc ; l’eau monte sur son pont ; le Sassacus continue à marcher à toute vapeur et tient ainsi son adversaire comme sous ses genoux, lorsqu’un coup de canon du ram le traverse de part en part et pénètre sa chaudière, d’où s’échappent des flots de vapeur et d’eau bouillante dont est inondé l’équipage,. Le coup est manqué, mais le ram n’en est pas moins contraint de s’éloigner. On a su depuis que plusieurs boulets avaient percé sa cuirasse, et que la vibration des coups qu’elle avait reçus avait été assez forte pour que toutes les lumières s’éteignissent, et que l’on se trouvât à bord dans une obscurité et par suite dans une confusion complète. Si les canonnières fédérales eussent eu une artillerie plus puissante, lançant de plus gros boulets avec une plus forte-charge, il est probable que l’Albermale aurait eu le sort de l’Atlanta, bien que ses adversaires ne fussent pas cuirassés.

Il fallait pourtant se délivrer de ce terrible navire, si l’on ne