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naire en traitant directement ce principe par un corps simple actif, tel que le phosphore, le potassium, le chlore, le brome, etc., que l’on atteint son but. On commence par faire entrer les élémens actifs en combinaison avec les principes organiques, et l’on forme ainsi des principes artificiels qui renferment parmi leurs élémens du chlore, du brome, du phosphore, du potassium, des métaux même ; puis l’on soumet les nouveaux composés à des réactions d’un autre genre, fondées sur les propriétés actives des corps simples, ainsi introduits dans les composés organiques et devenus solidaires des élémens normaux de ces composés. En effet, les corps simples dont il s’agit conservent en partie l’énergie de leurs affinités caractéristiques dans les combinaisons organiques qu’ils concourent à former ; ils se prêtent dès lors à des métamorphoses plus faciles, plus variées, opérées ta une température plus basse que celles dont les principes primitifs avaient été susceptibles.

C’est grâce à ces découvertes qu’a pris naissance depuis trente-cinq ans environ une chimie spéciale fondée sur l’étude des êtres artificiels que l’on produit en unissant les divers corps simples de la chimie minérale avec les principes organiques naturels. L’union des élémens des corps minéraux tels que les métaux au sein des principes organiques s’opère suivant des lois appartenant à tout le monde moléculaire, et dont la généralité prouve que la distinction des deux chimies inorganique et organique ne repose pas sur une séparation établie par la nature. Cette loi, que les importans travaux de l’Anglais Faraday, des Allemands Liebig et Wöhler, ont contribué à faire découvrir, c’est à M. Dumas que revient l’honneur de l’avoir conçue dans toute sa généralité ; on la connaît sous le nom de loi des substitutions.

Je ne saurais entrer ici dans le détail de ces règles formulées dès 1835, et qui sont devenues entre les mains des chimistes une source féconde de découvertes ; je ne citerai que la principale, qui pourra donner une idée des autres. Quand un corps hydrogéné renfermant ou non de l’oxygène est soumis à l’action déshydrogénante du chlore, du brome, de l’iode, de l’oxygène, etc., par chaque atome d’hydrogène qu’il perd, il gagne un atome de chlore, de brome ou d’iode ou un demi-atome d’oxygène. De cette loi et d’autres qui s’y rattachent, il résulte que les mêmes propriétés générales régissent les combinaisons et les transformations des matières organiques et inorganiques.

On était, par voie de décomposition, passé d’une matière organique à une autre en faisant agir des principes minéraux ; ces faits s’étaient surtout multipliés depuis la découverte des alcools et des aldéhydes. On avait fabriqué de la sorte des produits que la nature