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il ne pouvait plus quitter l’attitude de résistance et de combat. Il en était là politiquement après une durée de six mois.

La réaction d’un système de force et de tension sur les finances était inévitable. Sur quoi reposait la confiance de M. Barzanallana quand il était entré au pouvoir avec le général Narvaez au mois de septembre ? Elle s’appuyait évidemment sur dette pensée d’un système de libérale conciliation faisant marcher ensemble l’apaisement politique et la réorganisation financière. En fait d’expédiens, on était, on semblait être au bout de l’excès du mal naissait la nécessité d’un remède radical et décisif. Dès l’origine, en faisant face de son mieux aux plus pressans besoins du trésor, en rassemblant péniblement les moyens de vivre, M. Barzanallana s’était préoccupé avant tout de reconnaître cette situation, dont il recevait le lourd héritage, et il avait trouvé le crédit intérieur épuisé, le crédit extérieur détruit par les difficultés survenues avec les créanciers anglais et français, le déficit enraciné dans les budgets. Sa première pensée était donc de faire d’une large et sincère liquidation le préliminaire d’un rétablissement des finances et du crédit ; il en réunissait les élémens pour les soumettre aux chambres. Il portait du reste dans ce rude travail une sincérité d’aveux poussée presque jusqu’à la crudité ; mais voyez comme tout se tient entre la politique et les finances ! Quelque temps se passe, la politique se trouble, et les embarras de celui qui est chargé de l’administration financière augmentent. Les difficultés sont les mêmes, elles s’aggravent, et les moyens diminuent, le cercle de l’action se resserre. Chercher un secours dans le rétablissement du crédit extérieur par quelque transaction avec les créanciers de France et d’Angleterre ! M. Barzanallana y eût songé peut-être, il ne le pouvait plus : il eût rencontré autour de lui, même dans le parti modéré, surtout dans ce parti, une opposition acharnée prête à exploiter cet acte de hardie prévoyance comme une trahison. Je ne parle pas du don fait par la reine Isabelle du patrimoine royal, parce que ce don, qui offre sans doute une ressource réelle et considérable pour l’avenir, était pour le moment plutôt une charge en grossissant la musse des propriétés nationales à vendre et en imposant d’abord à l’état l’obligation de payer à la reine le quart de la valeur de ses biens ; c’était plutôt un acte retentissant destiné à exercer une influence politique. Il ne restait donc qu’à recourir encore une fois à tous ces moyens de négociations, d’émissions de titres. Émettre de la dette ! M. Barzanallana s’expliquait sur ce point avec une rare franchise. « Une émission de titres, disait-il devant les chambres, quel gouvernement peut la faire dans les conditions actuelles ? Je ne ferai cette émission que dans des circonstances économiques qui la rendront acceptable et honorable, et qui n’en feront pas, comme cela serait