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nie, le Maryland, et toutes les parties du sud où a été plantée la bannière fédérale. » Telles sont les prétentions énormes auxquelles les rédacteurs des résolutions de Chicago répliquent par une proposition d’armistice et de désarmement qui mettrait le nord à la discrétion du sud.

Il suffit de lire ce programme pour comprendre la combinaison dont les war democrats ont été les dupes. L’influence déguisée des amis du sud y éclate à chaque ligne. Quand l’imprudent M. Long, de l’Ohio, osa proposer dans la convention la reconnaissance absolue de la souveraineté du sud, « pour sortir, disait-il, des équivoques et en venir à la paix immédiate, » l’âme du complot, Vallandigham, ferma la bouche au révélateur indiscret en faisant voter la question préalable ; mais ne se trahît-il pas lui-même dans cette profession de foi pleine d’allusions, de contradictions et de réticences, qui est aujourd’hui la plate-forme de l’opposition démocrate ? Il promet que « dans l’avenir, comme dans le passé, elle adhérera fidèlement à l’Union sous la constitution. » Qu’est-ce qu’adhérer à l’Union comme dans le passé, lorsqu’on a depuis trois ans servi les rebelles ? Qu’est-ce que « l’Union sous la constitution, » lorsqu’on professe, quelques lignes plus loin, que les états ont le droit constitutionnel de sécèder quand bon leur semble ? Je doute que le général Mac-Clellan veuille se prêter à cette comédie. Comme on l’a dit spirituellement, on veut en faire un cheval de Troie, qui porte la trahison au sein même du gouvernement. S’il accepte en silence, il devient l’esclave de ceux qui le nomment ; s’il les désavoue, il ruine son élection. Il n’a qu’un parti à prendre, c’est de refuser une candidature qui coûterait si cher à sa conscience et à son pays.

Mais on me dit que le général Mac-Clellan est un homme faible, indécis, qui aura la tête tournée de sa fortune, et ne saura pas refuser un rôle de chef d’état trop grand pour sa taille. On m’assure que, pour être président des États-Unis, il acceptera toutes les politiques en se flattant de les dominer plus tard. Ce n’est pas qu’il y ait de sa part aucune tyrannie à craindre : il est trop honnête pour frapper jamais un coup criminel et dangereux. Bien loin d’être un « président de fer » comme André Jackson, on craint qu’il ne soit un président de terre, et, qui pis est, peut-être un président de paille, pliant sans se briser à tous les vents et à toutes les influences du parti qui l’aurait élu. Déjà les copperheads s’apprêtent, s’il se cabre, à lui faire sentir le mors et la bride. Ils ont bien soin de dire qu’en acceptant leur candidature il prend l’engagement de servir leur politique et d’accomplir fidèlement le mandat qu’ils lui confient. Ils lui donnent pour collègue à la vice-présidence un homme qui est franchement leur complice. Dévoué toute sa vie aux intérêts