Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 59.djvu/498

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

complications les plus essentielles de cette seconde partie du drame, inaugurée, nous l’avons dit, par le retour de Mortimer, mûri par l’âge et désabusé de sa prétendue vocation d’artiste. Quant aux accidens dont ce retour est suivi, on les retrouverait au besoin dans les péripéties finales de la Mère coupable. Il s’agit effectivement, comme dans le drame de Beaumarchais, d’éclaircir un malentendu qui jette un reflet d’inceste sur l’innocente flamme des deux jeunes gens. La présence de Marian et l’arrivée mystérieuse de Grattan Horncastle, dont la femme est mourante, facilitent singulièrement les explications indispensables. Du moment où il est avéré que Florence n’est point la sœur de Walter, leur mariage est affaire conclue d’avance. Mortimer Dyneley pourra désormais sans remords achever sa vie à côté d’eux, entre Marian, qui se repent de ses rigueurs, et Isabelle, qui lui a toujours conservé une affection épurée par le laps des ans.

Que si l’on nous demandait en quoi cette fable un peu confuse se rapporte au thème que semble s’être proposé l’écrivain, nous serions tenu de confesser notre embarras. Il n’est point très clair à nos yeux que le XIXe siècle soit responsable des vilenies fort exceptionnelles que l’auteur a mises sur le compte de Roger Dyneley et de Grattan Horncastle. Nous sommes tenu au contraire de croire sur parole que Mortimer représente « l’artiste » dans tout ce que ce mot comporte de plus imposant, et l’artiste, à ce compte, serait le jouet assez insignifiant des moindres hasards, sans principes bien assis, sans volonté arrêtée, susceptible tout au plus de certaines répugnances qui sont à l’usage de la plus vulgaire honnêteté, de certains entraînemens auxquels elle résiste sans trop de peine. Pourvu d’argent, il ne met la dignité de sa vie que dans certains raffinemens d’élégance et dans le choix intelligent de ses distractions quelquefois illicites. Aux prises avec la misère, il y puise tout justement l’énergie nécessaire pour remplir dans la grande armée de la publicité quotidienne un rôle de sous-lieutenant. En quoi le XIXe siècle est-il responsable de cette dégradation relative ? Serait-ce par hasard qu’il n’aurait pas accordé toute leur valeur aux élucubrations poétiques de Mortimer Dyneley ? Mais l’iniquité de ce dédain reste à démontrer, car nous dresserions sans peine une liste assez longue d’écrivains auxquels ce siècle si mal avisé, si distrait,. si rétif au sentiment des belles choses, a donné une éminence, une autorité, une renommée dignes d’envie. Si Mortimer Dyneley n’y figure pas, à qui la faute ?

Ceci dit, — et sans insister plus que de raison sur les inconséquences flagrantes qu’une si fidèle analyse avait pour but de mettre en relief, — nous reconnaîtrons dans la prose de M. Austin, comme dans ses vers satiriques ou sérieux, un rare mérite de forme. Les