Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 59.djvu/501

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au rire fils aîné du vin
Et frère du baiser sonore,
Au parfum de la joie en fleurs,
À l’écho de l’âme en délire,
À l’envers radieux des pleurs,
Au rire !

Qui fait flamber les yeux ardens,
Qui bat la gorge haletante,
Ce fard des dents, des belles dents
Dont l’émail tente,
Plus rebondissant et plus pur
Que le chant de l’oiseau dans l’arbre
Ou que des grenats tombant sur
Du marbre,

Rapide et clair comme le feu,
Retentissant et plein de charmes,
Au rire qui fait croire à Dieu,
Dont nous feraient douter les larmes,
Au reflet céleste et sanglant
Qui dore au front palais et bouge,
Au large rire étincelant
Et rouge !

Toujours vivace et combattu
Comme la sève par l’écorce,
Au rire la seule vertu,
La seule force,
Au rire, cette arme des cœurs,
Que le faible aiguise en satire,
Au rire
Vainqueur des vainqueurs,
Au rire !

En haine des voleurs d’espoir,
Des larmoyeurs sots ou sinistres,
Cafards, cagots, broyeurs de noir,
Aussi des cuistres,
Au rire viril et sacré,
Malgré les femmes et la mode,
Moi, poète, j’ai consacré
Cette ode !

Je vous salue, été vermeil,
Pourpre du temps, saison élue,