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années plus tard, atteignit 15m09 par seconde ; mais il ne faut pas oublier que ces chevaux ne portaient qu’un poids de 53 kilog. 95, c’est-à-dire de 4 kilog. inférieur à celui que portait Flying-Childers. C’est qu’en effet autrefois on ne sacrifiait pas, comme aujourd’hui, tout à la vitesse, les courses étaient plus longues et les poids plus lourds. Ce n’est que plus tard qu’on diminua les poids et les distances, et qu’en même temps, pour obtenir plus de vitesse, on soumit les chevaux à l’entraînement. Les coureurs devinrent plus légers, leur taille s’accrut, et leurs membres s’allongèrent. Nos chevaux de course ont au moins de 0m10 de plus que ceux d’autrefois.

Les courses ont continué à se développer rapidement en Angleterre, elles répondent si bien au génie britannique qu’il en existe aujourd’hui dans presque toutes les villes ; mais les principales sont celles d’Epsom, où se court le Derby, course fondée par le grand-père du chef actuel du parti conservateur pour les poulains de trois-ans, et qui est considérée comme la plus importante de l’année, — celles de Newmarket, dont M. Esquiros a donné ici même[1] l’intéressante description, celles de Doncaster, de Liverpool, etc.

En France, on prétend que les courses étaient déjà connues des Gaulois. Toutefois les premières qu’on signale d’une manière positive sont celles de Fontainebleau, qui eurent lieu en 1776, sous le ministère Bertin. Il y eut des courses sous l’empire et sous la restauration ; mais, quoique organisées par l’administration des haras, elles allaient à l’aventure et sans but déterminé. Elles ne sont devenues une institution sérieuse que depuis 1833, époque de la fondation de la Société d’encouragement, qu’il ne faut pas confondre avec le Jockey-Club, dont elle est, dans une certaine mesure, indépendante. La société est placée sous le patronage de ce dernier, mais elle a ses règlemens particuliers, son comité spécial et son budget séparé. Le club, en tant que club, n’intervient dans ses affaires que par la création de certains prix, et rien n’oblige les membres qui n’aiment pas les chevaux à s’en occuper. La société fut fondée sous les auspices de M. le duc d’Orléans, qui mit en vogue l’hippodrome de Chantilly. Traversant un jour avec quelques amis cette magnifique pelouse et sentant les pieds des chevaux rebondir sur un sol élastique, l’idée leur vint, séance tenante, de courir une poule qui fut gagnée par M. de Normandie. Quelques jours après, on tenta une nouvelle épreuve, à la suite de laquelle on arrêta un projet de réunion pour le printemps suivant. En 1835, le Jockey-Club adopta Chantilly pour y faire courir le prix de 5,000 francs qu’il venait de fonder ; ce prix fut porté en 1840 à 7,000 fr., en 1847 à 10,000 fr., en 1854 à 15,000 fr., et

  1. Voyez la Revue du 15 novembre 1861.