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MAHOMET
ET
LE MAHOMETISME

Mahomet et le Coran, précédé d’une Introduction sur les devoirs mutuels de la Philosophie et de la Religion, par M. J. Barthélémy Saint-Hilaire. Paris 1865.


Il n’y a qu’une morale et il y a plusieurs religions. Tout le monde le dit du moins, et tout le monde a, ce semble, raison. Ce n’est pas que l’une et l’autre proposition aient passé sans observation et manqué de commentaires. Pour ébranler ou obscurcir l’une, on a invoqué la diversité des mœurs nationales, la variété des lois criminelles, l’inégalité des civilisations. On a facilement constaté les exceptions que l’ignorance, le préjugé et la passion avaient apportées dans la pratique aux principes généraux de la morale, de la justice et de l’humanité. On n’en a pu rien conclure de solide contre l’universalité de ces principes mêmes. Violés ou méconnus, ils conservent leur évidence, source de leur autorité, et quoiqu’ils ne triomphent que très imparfaitement dans l’histoire des hommes, une voix unanime a proclamé l’existence d’une loi naturelle. L’effort d’établir la réalité d’une religion naturelle qui dominerait tous les cultes divers a été moins heureux, surtout plus contesté. Ce n’est tout au plus qu’une vérité : philosophique qui se fonde par le raisonnement, qui s’obtient par l’analyse, et que n’acceptent pas même tous ceux qui se mêlent de spéculer sur ces matières. La multiplicité des religions établies sur la terre n’est pas seulement une objection à l’unité et à l’universalité religieuse, elle y est un obstacle et comme un perpétuel