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caps et se continue par une suite de collines couvertes de bois du sommet à la base ; çà et là un vallon cultivé en rizières vient aboutir au bord de la mer. Le premier de ces vallons, à partir de Kousi-saki, est armé d’une batterie de deux pièces ; des canons de campagne s’aperçoivent dans les rochers de la pointe ; 500 mètres plus loin, on arrive à la vallée occupée l’année précédente par la compagnie de débarquement de la Sémiramis. Les deux batteries reconnues par le Cormorant y sont facilement observables. Au-delà, l’éloignement et la verdure ne permettent de reconnaître que le grand ouvrage nouvellement construit, désormais achevé et garni de canons. Des pavillons de diverses couleurs sont plantés sur les parapets ; dans les arbres, sur les collines, la lunette permet de distinguer des tentures de guerre en toile blanche, portant en noir les armes du prince de Nagato, trois boules en triangle, soulignées d’un trait horizontal. La canonnière la Coquette a passé à portée des canons de la pointe ; malgré la présence d’un certain nombre d’hommes dans les batteries, celles-ci sont restées partout silencieuses. La côte sud est tout aussi dépourvue de défenses que l’année précédente ; de ce côté, le cap Mozi, qui s’avance jusqu’à 300 ou 400 mètres de la rive opposée, masque la seconde partie du détroit, lequel, après.cet étranglement, s’infléchit au sud, vis-à-vis de la ville de Simonoseki, contourne l’île d’Hikousima, et, revenant au nord-ouest, débouche enfin dans la mer de Chine. Les autres défenses ennemies, sur lesquelles il n’existe aucune notion, à part les renseignemens peu précis de la corvette la Méduse, doivent donc se trouver sur cette île et dans la ville même.

A la nuit, les commandans en chef arrêtent les premières dispositions de l’attaque. Il s’agit, en considérant la côte sud comme absolument neutre dans le conflit, de s’emparer tout d’abord des défenses qui bordent la rive ennemie depuis Kousi-saki jusqu’à l’entrée des faubourgs de la ville. Vis-à-vis la ligne à peu près droite formée par cette rive, la côte de Bouzen s’infléchit en formant la baie de Tanaoura. Profitant de cette disposition des lieux, une division d’attaque ira s’embosser en arc de cercle dans cette baie, le chef de file mouillant à deux ou trois encablures en dedans du cap Mozi, et concentrera son feu sur les principaux ouvrages ennemis. Une seconde division, formée des petits bâtimens, canonnera sous vapeur les défenses de Kousi-saki, qui paraissent moins fortement armées. Enfin, au centre, les deux frégates amirales et le vaisseau se tiendront prêts à porter là où il sera nécessaire le secours de leur nombreuse artillerie. Un violent courant de marée traverse constamment le détroit, changeant de direction quatre fois par jour ; vis-à-vis du cap Mozi, sa vitesse atteint par momens de cinq à six