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Saana, où il alla proposer à l’iman de reconnaître l’autorité de la Porte.

En 1348, l’iman de Saana réunit toutes ses forces et tenta un effort suprême pour ressaisir le Téhama sur le chérif Hussein. La guerre durait avec des chances diverses depuis une année lorsque survint un troisième et plus gros compétiteur. Le 23 mars 1849, une expédition turque partait de Djeddah ; elle était forte de quatre à cinq mille hommes. Toufieh-Pacha s’était assuré au moins la neutralité des Acyres, et il amenait avec lui le grand-chérif de La Mecque, Ibn-Aoun. Le 19 avril, Hussein, enfermé dans Hodeïdah, était sommé de rendre la place. Les renseignemens sur ce qui s’est passé alors sont contradictoires. D’après des informations venues de Djeddah, Hodeïdah aurait été livrée par un cousin de Hussein, et ce chérif aurait été emmené à Constantinople, où une pension de 3,000 piastres par mois lui était assignée. D’après la relation plus détaillée de M. Playfair, le chérif aurait traité lui-même avec les Turcs et consenti à rendre toutes les villes du Téhama à la condition de recevoir une pension, et il se serait retiré dans sa principauté d’Abou-Arisch, où il avait mis en sûreté, lors d’un voyage antérieur, les dépouilles recueillies dans le Téhama depuis neuf ans. La pension promise n’ayant jamais été payée, il se serait déterminé à faire le voyage de Constantinople pour s’entretenir avec le sultan mais il serait mort en route au mois de mars 1851, under circunstances of great suspicion, dit le premier assistant politique résident d’Aden. Haider, cousin d’Hussein, conserva la principauté d’Abou-Arisch moyennant un tribut annuel de 10,000 thalaris. Ce n’en fut pas moins la fin de la domination de cette famille dans le reste du Téhama de l’Yémen, où les Turcs établirent un simple pachalik, dont le chef-lieu est à Hodeïdah.

Aussitôt que le Téhama fut conquis, les Turcs se tournèrent vers l’iman de Saana et le sommèrent de faire sa soumission à la Porte. L’iman se rendit lui-même à Hodeïdah au mois de juillet 1849 ; il y fut reçu avec des honneurs royaux, au son du canon. Cédant probablement aux suggestions d’lbn-Aoun, il aurait signé une convention en vertu de laquelle une partie des revenus de la principauté serait versée à la Turquie, qui ferait occuper la ville de Saana par une garnison de mille réguliers. Tel est le récit de M. Playfair. Toufieh-Pacha, le grand-chérif de La Mecque et l’iman se rendirent à Saana, et huit cents hommes de troupes turques furent installés dans la forteresse-un jeudi. Le lendemain, le nom du sultan Abdul-Medjid fut substitué dans la prière publique à celui de l’iman. La population, qui est de la secte des zéïdites, en fut exaspérée. Les habitans coururent aux armes et massacrèrent un grand nombre