Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 60.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
GUSTAVE III
ET
LA COUR DE FRANCE

VIII.
L’EMIGRATION FRANÇAISE ET LES PLANS DE COALITION EUROPÉENNE.


I.

Il aura été donné à notre temps de commencer à juger équitablement et sans colère, comme cela convient à ceux qui profitent de la victoire, les fautes des amis de la révolution et celles de ses adversaires. Plus les idées dont l’esprit français était alors l’interprète s’approchaient d’un idéal de justice universelle, plus on doit déplorer les violences de ceux qui prétendaient en hâter le triomphe et la profonde erreur de ceux qui crurent le pouvoir empêcher. Ne répétons pas, comme font les esprits absolus, que les excès et les malheurs de la révolution étaient nécessaires. «La philosophie commune, a dit Mme de Staël, se plaît à croire que tout ce qui est arrivé était inévitable; mais à quoi serviraient donc la raison et la liberté de l’homme, si sa volonté n’avait pu prévenir ce que cette volonté a si visiblement accompli? » Sachons distinguer la part de la liberté humaine dans les erreurs qui préparèrent la terrible réaction de 89, dans celles qui en précipitèrent le développement et qui faillirent, en compromettre les utiles résultats; ne cherchons pas d’ailleurs qui a été le plus imprudent ou le plus coupable dans l’histoire des derniers temps de notre vieille France de la royauté,