Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 60.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a pris en main la défense de la grande idée. « Et maintenant je peux mourir ! » s’écrie Goethe, non pas sans avoir consacré ses dernières veilles à un long et fidèle mémoire sur la discussion de l’Institut. Il mourait en effet quelques mois après avoir initié l’Allemagne à ses grandes espérances.

Telle fut la vieillesse et telle aussi la vie scientifique de Goethe. On s’étonne, quand on vient à penser que dans l’intervalle de ces travaux, qui suffiraient à remplir une laborieuse existence, le même esprit produisait sans relâche des œuvres dont quelques-unes feront l’admiration de tous les siècles. Le caractère de ce génie, c’est l’immensité. S’il existe des génies plus profonds, je n’en connais pas de plus vastes, et dont l’activité se soit portée aussi loin en même temps dans toutes les directions de la pensée.


III.

Goethe n’est plus à juger comme naturaliste, et notre incompétence personnelle se garderait bien d’ajouter une appréciation à toutes celles dont il a été l’objet. Les savans les plus autorisés ont analysé ses travaux, exposé ses idées pour les approuver ou les discuter en Allemagne, Clemens, Carus, Oken, Schmidt, Bertholdt, Hermoltz, et le dernier de tous, Virchow ; en Angleterre, Lewes au second volume de sa Vie de Goethe ; en France, dès 1836, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire dans les Comptes-Rendus de l’Académie des Sciences, puis notre collaborateur M. Charles Martins, auteur d’une excellente traduction des œuvres d’histoire naturelle du poète, avec des éclaircissemens et des notes qui nous ont été d’un grand secours en 1838, M. Littré, qui a publié ici même[1], à l’occasion de cette traduction, un savant article ; tout récemment enfin, l’ouvrage de M. Ernest Faivre, conclusion naturelle de ces divers travaux qu’il résume et qu’il complète par une analyse très détaillée des meilleurs écrits du poète sur la botanique, l’anatomie comparée, la géologie et l’optique, en même temps que par une appréciation générale de ses doctrines en histoire naturelle. Tous deux, MM. Ch. Martins et Faivre, ont étudié avec un tel soin cette partie des œuvres de Goethe, qu’ils ont fait leurs obligés de tous ceux qui reviennent à ce grand sujet. Si ce n’est pas précisément une découverte, c’est du moins en France une prise de possession.

L’objet que nous nous proposons ici n’est pas le même. Nous ne prétendons examiner les travaux scientifiques de Goethe que dans

  1. Revue du 1er avril 1838.