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Crussol-d’Uzez, témoigna hautement le respect que lui inspirait la princesse. Arrivée au pied de la guillotine, Mme Élisabeth la remercia en exprimant le regret de ne pouvoir lui témoigner sa gratitude. « Ah! madame, répliqua la marquise de Crussol, si votre altesse royale daignait m’embrasser, je serais au comble de mes vœux. Bien volontiers, lui répondit la princesse, bien volontiers, et de tout mon cœur. » On avait ordonné que Mme Élisabeth pérît la dernière, dans l’espérance que vingt-trois têtes tombant sous ses yeux la feraient peut-être manquer de courage. On se trompait l’âme de la sainte n’était déjà plus sur la terre.

Madame Royale, restée seule dans sa prison, n’eut pas plus de nouvelles de sa tante que de sa mère. Elle ne fut instruite de leur sort qu’un an plus tard. Comme elle parlait de ses parens avec des larmes d’inquiétude, une femme lui dit, touchée de sa douleur « Madame n’a plus de parens! Eh quoi! s’écria l’orpheline, Élisabeth aussi! Et qu’ont-ils pu lui reprocher?


IMBERT DE SAINT-AMAND.



DE L’EXTRACTION CROISSANTE
ET DE L’ÉPUISEMENT DE LA HOUILLE.


Chaque année, le comité des houillères françaises publie sur l’état de l’industrie des houilles un livre plein de curieuses informations. Jusqu’ici les industriels, les ingénieurs et les économistes ont seuls suivi avec une attention marquée ces publications spéciales, qui semblent au premier abord avoir en elles quelque chose de trop technique. A mesure cependant qu’elles se sont ainsi succédé, l’intérêt en est devenu plus vif. Il faut ajouter aussi que les derniers documens publiés par le secrétaire du comité des houillères, M. Amédée Burat[1], donnent des détails d’une importance toute particulière sur une production qui tient une si grande place aujourd’hui dans la vie sociale des peuples policés. On le sait, la houille intervient dans la défense des états, et c’est depuis quelques années l’agent moteur de notre flotte militaire. Comme source de mouvement mécanique, la houille est de même employée dans toutes nos usines, sur une bonne portion de nos navires marchands, sur tous nos chemins de fer. Elle fournit la marine un fret avantageux au lieu de lest. C’est le grand réducteur de tous les minerais métalliques. Comme agent de calorique, c’est elle qui chauffe tous les fours de nos fabriques, de nos manufactures, et ceux des plus vastes comme des plus modestes ateliers. On la voit aussi au foyer domestique, à celui du pauvre comme à celui du riche; mais elle sert surtout au chauffage du pauvre depuis que le prix toujours plus élevé du bois a fait remplacer par la houille le combustible végétal. Agent lumineux, elle éclaire nos villes et nos maisons. Enfin l’on en retire depuis quelques années les plus vives et les plus solides couleurs, et si une femme élégante peut ignorer ce que sont le violet et le bleu d’aniline, que l’on extrait du goudron de houille, elle connaît bien les gracieuses couleurs qui,

  1. Situation de l’industrie houillère en 1865 et 1864, Paris 1864, 1865, 2 vol. — Le Matériel des houillères, 2 vol. avec atlas, Paris, Noblet et Baudry, 1861-1865.