Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 60.djvu/518

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voir tous les tracés proposés. « Je ne viens pas, disait le rapporteur, rompre une lance en faveur de la ligne du Saint-Gothard. Je n’ai eu d’autre but que de mettre sur le tapis une série de questions importantes qui méritent d’être mûrement étudiées. Peut-être, si j’avais cru que la question du chemin de fer alpestre pût recevoir une solution immédiate, j’aurais hésité à publier ce rapport; mais j’ai acquis la conviction que rien ne peut être décidé pour le moment, et que nous sommes entrés dans une période où la question restera en suspens. Après avoir montré qu’il convenait de profiter de ce répit pour étudier tous les élémens nouveaux que présentait le problème, il concluait en disant « S’il résulte de l’enquête, contre l’avis de beaucoup de personnes en Italie, que la ligne du Saint-Gothard n’est pas contraire aux intérêts italiens, nous pourrons nous considérer comme arrivés à la moitié du chemin. Nous n’aurons plus alors qu’à nous entendre avec nos voisins d’outremonts, et, s’il est possible, avec Bade et le Wurtemberg, au sujet du concours financier des divers intéressés. » Comme l’indique le mandataire de la province de Milan, il y eut à cette époque une sorte de temps d’arrêt dans la question, et c’est à partir de ce moment que les partisans du Saint-Gothard gagnèrent tout le terrain que perdaient ceux du Lukmanier. Rentré au ministère des travaux publics au mois de septembre 1864, M. Jacini se mit bientôt en mesure de réunir tous les élémens d’une solution définitive. Une commission d’ingénieurs a d’abord été chargée de fournir toutes les données techniques relatives aux différens tracés. Une autre commission de dix-neuf membres, où siègent les présidens des principales chambres de commerce et les directeurs des grandes compagnies de chemins de fer de l’Italie, s’occupe actuellement à Florence d’étudier la question au point de vue commercial. L’ensemble de ces travaux doit être soumis au prochain parlement avec les propositions du ministère.


VI.

Si l’on a suivi les indications que nous venons de donner à divers points de vue sur les différens passages des Alpes helvétiques, on ne saurait conserver de doute sur le tracé de la ligne qui doit joindre l’Italie à la Suisse. On a vu que le Splugen ne peut rester en cause. Une ligne qui ne ferait qu’effleurer le territoire helvétique et qui viendrait aboutir au lac de Constance, sur la rive gauche du Rhin, c’est-à-dire sur la frontière autrichienne, ne saurait être agréée par la Suisse et desservirait d’ailleurs fort mal les intérêts de l’Europe centrale. Quant au Simplon l’Italie le récuse,