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le département du Bas-Rhin poursuivait avec persévérance qu’en raison des avantages réels que le chemin lui-même devait procurer aux forêts domaniales situées sur son parcours.

Par une réserve prudente, on n’avait pas voulu procéder à l’exécution des chemins projetés avant de s’être assuré du concours d’une compagnie qui pût compléter l’œuvre et exploiter les embranchemens qu’il s’agissait d’établir. Ce n’est donc qu’au commencement de la campagne de 1861, après trois ans d’études et de négociations, que les terrassemens furent entrepris. Il fut aisé alors de reconnaître que ces chemins de fer locaux devaient rencontrer dans l’exécution bien moins d’obstacles et de difficultés que les grandes lignes. D’abord les acquisitions de terrains se firent avec une facilité remarquable, car presque toutes furent traitées à l’amiable et sans intervention du jury d’expropriation ; au contraire les grandes compagnies, étrangères aux localités, ont à lutter, on le sait, contre des prétentions souvent exorbitantes. On n’eut pas besoin non plus de réunir de grands ateliers d’ouvriers nomades qui jettent toujours plus ou moins de trouble dans un canton et y font hausser temporairement le prix habituel des salaires et des objets de consommation. Les terrassemens, peu importans d’ailleurs, furent exécutés par les prestataires, comme s’il ne s’agissait que de chemins vicinaux ordinaires, et aux époques de l’année où l’agriculture réclamait le moins de bras utiles. Les travaux furent néanmoins poussés avec activité, et les trois lignes de Strasbourg à Barr et Wasselonne, de Haguenau à Niederbronn, et de Schlestadt à Sainte-Marie-aux-Mines[1], furent livrées à la circulation dans les derniers mois de l’année 1864. Dans l’intervalle, la compagnie de l’Est, dont la concession fut remaniée en 1863, s’était décidée à absorber définitivement ces trois embranchemens, qui font aujourd’hui partie de son nouveau réseau.

En cours d’exécution, les devis primitifs avaient été quelque peu dépassés, comme il est d’usage dans toute espèce de travaux publics. Toutefois la dépense totale ne s’est élevée qu’à 117 000 fr. en moyenne par kilomètre de chemin[2]. On doit remarquer sans doute que les chemins de l’Alsace sont tracés dans une plaine

  1. Cette troisième ligne, substituée au projet primitif de Schlestadt à Villé, a été exécutée par les efforts combinés des départemens du Bas-Rhin et du Haut-Rhin.
  2. Il est intéressant de noter comment la dépense s’est répartie entre les quatre budgets qui y ont concouru. Le département a fourni, en nombres ronds, 21 900 francs par kilomètre, soit 18,7 pour 100 ; les communes 22 400 francs, soit 19,1 pour 100 ; l’état 18 700 francs, soit 16 pour 100 ; — la compagnie concessionnaire, 54 000 francs, soit 46,2 pour 100. Il faut observer que le contingent des communes a été fourni, en partie du moins, au moyen de la cession de terrains communaux et des prestations en nature, ce qui a un peu allégé les charges qui leur incombaient.