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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



31 janvier 1866.

Nous ne cacherons point que nous attendions avec une émotion profonde l’ouverture de la présente session. Il y avait longtemps, nos lecteurs le savent, que l’affaire du Mexique et l’état de nos rapports avec l’Union américaine étaient pour nous l’objet d’une prévoyante et vive anxiété. Retenus par cette timidité forcée que ressentent si douloureusement ceux qui tiennent encore en France une plume politique, nous avons bien tardé à dire ici, avec une netteté suffisante, notre pensée sur les conséquences de l’expédition mexicaine. Il nous sembla enfin, il y a un mois, impossible d’en retarder plus longtemps l’expression. Ce qui s’est publié et ce qui s’est passé depuis a prouvé si nous avions été coupables en cela d’impatience et de hardiesse intempestive. Nous ignorions, à la fin de décembre, à quel point la controverse diplomatique était arrivée entre le cabinet des Tuileries et le gouvernement américain ; nous ne soupçonnions point l’existence des dépêches de M. Seward, qui arrivaient à peine alors à Paris. Nous avions bien pourtant, on nous l’accordera, le sentiment juste de la maturité de la question ; nous avions le sentiment juste de l’intérêt patriotique engagé, lorsque nous demandions que la question mexicaine fût envisagée en elle-même au point de vue des principes français, et résolue par le prompt rappel de nos troupes, lorsque nous exprimions le vœu que cette affaire ne fût réglée que par des raisons d’état françaises et fût dérobée aux déviations et aux chances d’une contestation diplomatique entre notre gouvernement et la grande république américaine.

Le discours de l’empereur à l’ouverture des chambres, la correspondance communiquée au congrès par ordre du président Johnson, notre livre jaune nous ont à la fois appris officiellement que les choses avaient été plus avancées et plus graves que nous ne l’avions supposé, et que cependant on en pouvait espérer pour un prochain avenir l’arrangement satisfaisant. L’empereur, dans son discours, nous a informés que « l’émotion produite aux États-Unis par la présence de notre armée sur le sol mexicain