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L'ITALIE
ET LA VIE ITALIENNE
SOUVENIRS DE VOYAGE

VIII.
LES VILLES DE L'EST. - BOLOGNE, RAVENNE, PADOUE[1].


De Florence à Bologne, 17 avril.

On n’imagine pas un pays plus beau et plus fertile. A partir de Pistole, la montagne commence ; de colline en colline, puis d’escarpement en escarpement, pendant deux heures, la voiture monte lentement sur un chemin en zigzag, et du bas au sommet tout est cultivé, habité. A chaque lacet de chemin on aperçoit des maisons, des jardins, des terrasses d’oliviers, des champs soutenus par des murs, des arbres à fruits abrités dans les creux, des morceaux de prairies vertes, partout des sources jaillissantes. Des femmes agenouillées lavent leur linge à la bouche dégorgeante des fontaines ou dans les petits canaux de bois qui distribuent l’arrosement et la fraîcheur sur les pentes. Si loin que le regard puisse porter, les vallées, les mamelons offrent les marques du travail et de la prospérité humaine. Tout est mis à profit ; les châtaigniers couvrent les pointes trop âpres et les chutes de terrain trop raides. La montagne est comme une terrasse énorme à gradins multipliés, façonnés exprès pour les divers genres de culture. Même à la cime, dans le voisinage des neiges, de petites terrasses larges de six pieds fournissent de l’herbe aux troupeaux. Les signes de cette industrie et -de ce bien-être sont aussi visibles dans les habitans que sur le sol :

  1. Voyez sur Florence la Revue du 15 janvier.