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l’homme contemporain du terrain tertiaire, et comme les gypses d’Aix appartiennent à cet étage, les raisons que nous émettions tout à l’heure pour autoriser la présence probable de l’homme au milieu des fossiles dont nous parlions se trouvent ainsi justifiées. Que d’importantes questions soulève cette ancienneté de l’espèce humaine reportée si loin au-delà des temps que nous nommons historiques ! Qu’a fait l’homme pendant toute cette longue durée de siècles ? A-t-il seulement inventé le langage, qui serait certes la plus belle de ses découvertes, s’il ne l’a pas reçu en naissant ? Que devient dans tout cela la civilisation ? Il faut bien peu de temps pour en voir une naître et mourir ; mais au moins laisse-t-elle des traces ineffaçables, tandis que de l’homme fossile il ne reste rien que quelques silex grossièrement taillés et quelques dessins naïfs sur des os. Il est vrai que la plupart des sauvages en sont restés à cet état rudimentaire. Ne cherchons pas du reste à tout expliquer sur notre origine, le moment est peut-être encore prématuré ; bornons-nous à constater un fait aujourd’hui de toute évidence, que nous sommes bien plus vieux que nous ne l’avions cru jusqu’ici, et qu’il faudra rechercher la trace primitive de l’homme jusque dans l’étage moyen du terrain tertiaire, comme nous venons de le faire pressentir par les intéressantes découvertes qui ont eu lieu et se continuent dans le terrain à gypse d’Aix.


L. SIMONIN.



Des Relations de l’empire romain avec l’Asie orientale,
par M. Reinaud, de l’Institut[1]


Il y a plaisir à suivre du regard les voies diverses par où de nos jours l’étude de l’antiquité s’agrandit et s’étend. On pouvait dire naguère que le livre d’Hérodote n’avait pas encore été lu ; on ne le dirait plus aujourd’hui après la publication anglaise de M. Rawlinson et de M. Wilkinson, qui ont commenté le vieil historien avec le secours des plus récentes découvertes de la science moderne. Nos érudits lisent les écritures hiéroglyphique et cunéiforme que les Grecs n’entendaient pas ; la philosophie comparée et la grammaire générale, supérieurement traitées, avec une hauteur de vues morales égalée seulement par la précision des données scientifiques, comme dans le beau livre de M. Max Müller qu’a traduit M. Perrot, les bonnes fortunes de l’archéologie et de l’épigraphie, l’acquisition de nouveaux textes, notamment dans le domaine du droit, ont rendu facile une interprétation nouvelle des auteurs grecs ou latins. En apportant le tribut de commentaires que permettait sa connaissance spéciale de certains

  1. In-8°, chez Durand.