Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 64.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
L’ÉVANGILE ÉTERNEL.

sur l’Apocalypse » sont précédés d’un Liber introductorius in Expositionem Apocalypsis, qui est souvent présenté comme un ouvrage à part sous le titre d’Enchiridion ou Apocalypsis nova[1].

Aux ouvrages authentiques de Joachim il faut cependant, à ce qu’il semble, ajouter deux lettres :

1o Une lettre inédite adressée à tous les fidèles et commençant par ces mots : Loquens Dominus Ezechieli prophetæ ; on la trouve dans les manuscrits 3595 de l’ancien fonds, fol. 19 verso ; Saint-Germain, 58, dernier feuillet, verso ; Sorbonne, 1726, fol. 59 ;

2o Une lettre De articulis fidei, ad quemdam filium suum Joannem, identique sans doute à un traité De articulis fidei mentionné dans les anciennes listes des écrits de Joachim[2]. Cet ouvrage n’est connu que par l’extrait qu’on en trouve dans les procès-verbaux de la commission d’Anagni qui condamna l’Évangile éternel en 1255, procès-verbaux dont nous parlerons bientôt[3]. Joachim recommande à son disciple de tenir le livre soigneusement caché, pour échapper aux soupçons de faux zélés qui ne cherchent que des prétextes pour crier au scandale. On comprend que le caractère ésotérique et secret que Joachim voulut donner à cet écrit ait empêché les copies de se répandre. C’était là peut-être qu’il soutenait sur la Trinité ces doctrines opposées à celles de Pierre Lombard, qui lui attirèrent une condamnation au quatrième concile de Latran[4]. Les procès-verbaux d’Anagni contiennent encore deux fragmens du même ouvrage, l’un extrait du premier chapitre, intitulé : De fide Trinitatis, l’autre du dernier, intitulé : Confessio fidei

  1. Ms. Sorb. 1726, fol. 92 v., lignes 27 et 28 ; fol. 103, lignes 2 et 3. — Ce même ouvrage, dans le no 427 de l’ancien fonds latin, est intitulé, je ne sais pourquoi, Liber de diversitate mysteriorum Dei.
  2. Joachim abbatis et Florensis ordinis chronologia (Cosenza 1612), p. 92. — Acta SS. Maii, t. VII, p. 103, 105. Les Bollandistes n’ont émis sur cet ouvrage que des conjectures invraisemblables.
  3. On y lit (fol. 104 v. du Ms. de Sorbonne, 1725) : « Item habetur apertius in libello ipsius Ioachim De articulis fidei, descripto ad quemdam filium suum Iohannem, quod opus suspectum est ex ipso prologo, ubi sic incipit dicens : « Rogasti me attentius, fili Johannes, ut tibi compilatos traderem articules fidei, et notarem illa quæ occurrerent Scripturarum loca, in quibus solent simplices frequenter errare. Ecce in subjecta pagina invenies quod petisti. Tene apud te, et lege sub silentio, observans ne perveniat ad manus eorum qui rapiunt verba de convallibus, et currunt cum clamore, ut vocentur ab hominibus Rabbi, habentes quidem speciem pietatis, virtutem autem ejus penitus abnegantes. » Ecce qualiter in hoc prologo vult iste Ioachim articules fidei legi in abscondito, more hæreticorum qui in conventiculis dogmatizant. Item inhibet ne tractatus suus veniat ad manus magistrorum, quos etiam tam impudenter quam superbe vituperat. »
  4. Le concile semble cependant avoir en vue un traité distinct. « Libellum sive tractatum quem abbas Joachim edidit contra magistrum Petrum Lombardum, de unitate seu essentia Trinitatis. » Dans d’Argentré, Coll. Jud., I, p. 120-121.