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SCIENCES NATURELLES.

moas. Les Maoris ou indigènes de la Nouvelle-Zélande désignent indistinctement sous le nom de moa, qui signifie poule, plusieurs espèces d’oiseaux de grande taille qui peuplaient encore leurs îles dans les temps historiques, et contre lesquels leurs aïeux ont soutenu de terribles combats. Dans une conférence faite à Vienne, M. Ferdinand d’Hochstetter, naturaliste de la célèbre expédition de la Novara, a donné sur ces espèces perdues des renseignemens pleins d’intérêt.

C’est aux missionnaires envoyés dans ces contrées sauvages que l’on doit les premières informations sur les moas de la Nouvelle-Zélande. Ils ont recueilli les traditions relatives à ces oiseaux ; on leur montrait encore l’endroit où le dernier moa avait été tué après une lutte meurtrière qui coûta la vie à plusieurs indigènes, et on leur faisait voir, comme les restes de ces animaux, de grands os qui se rencontraient dans les alluvions des rivières, sur la côte, dans les marais et dans les cavernes. En 1839, on vit pour la première fois en Europe un os de moa qu’un navire avait apporté à Londres ; par son volume, il pouvait avoir appartenu à un bœuf, mais M. Owen le reconnut aussitôt pour un os d’oiseau. Trois ans plus tard, un missionnaire anglais envoya au célèbre géologue Buckland plusieurs caisses remplies d’os de la même provenance, et M. Owen, à qui les précieux débris furent confiés, réussit à construire avec ces matériaux les deux pieds d’un oiseau qui reçut le nom de dinornis giganteus. Ces pieds ont plus d’un mètre et demi de hauteur, la taille d’un homme ; le tibia seul mesure 90 centimètres. L’animal entier a dû atteindre au moins 3 mètres ; c’est l’oiseau le plus grand peut-être qui ait jamais existé.

Dix ans plus tard, M. Walter Mantell rapporta de la Nouvelle-Zélande un millier d’os isolés et quelques fragmens de coques d’œufs qui ont fourni à M. Owen la base de son grand travail sur les espèces perdues désignées sous les noms de dinornis et de palapteryx. Le dinornis aux pieds d’éléphant n’avait point la taille du dinornis géant, il n’avait qu’un mètre et demi de hauteur ; mais ses pieds, extraordinairement massifs, lui assignent une place à côté des pachydermes, dont il est en quelque sorte le représentant parmi les oiseaux.

Grâce aux recherches de M. Ovven, nous connaissons déjà quatorze espèces d’oiseaux géans néo-zélandais. La plupart ont trois doigts, comme l’émeu d’Australie ; M. Owen les range dans le genre dinornis. Ceux dont le tarse offre une dépression rugueuse qui semble être l’indice d’un quatrième doigt forment le genre palapteryx, voisin des apteryx actuels.

Dans ces dernières années, les matériaux à l’aide desquels les zoologistes ont pu chercher à établir les caractères anatomiques de ces grands oiseaux se sont considérablement accrus. Le naturaliste de la Novara que nous avons déjà nommé, M. d’Hochstetter, obtint de faire un séjour prolongé à la Nouvelle-Zélande, afin d’y poursuivre à son aise ses recherches de paléontologie. Il commença par explorer minutieusement tous les re-