Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 64.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le
nouveau Louvre
et
les nouvelles Tuileries


Lorsqu’au début du nouvel empire un décret annonça qu’en cinq années au plus le Louvre serait achevé et réuni aux Tuileries, que les plans étaient faits, le projet arrêté, le parti pris, les fouilles préparées, qu’aucune hésitation, aucun délai, aucune consultation ne retarderait l’entreprise, la foule battit des mains. Elle aime ce qui va vite, et l’espoir si prochain d’un changement à vue sur cette place depuis si longtemps en décombres, cette transformation subite d’échoppes, de plâtras, de ruines, de débris, en constructions neuves et régulières, furent salués par elle avec reconnaissance. Cependant quelques esprits moins prompts et moins pressés, amateurs de projets plus mûrement conçus et d’œuvres moins précipitées, se permirent d’exprimer certains doutes. Ils ne comprenaient pas qu’on fît si largement appel à nos finances sans tout au moins consulter notre goût. Ils rappelaient que depuis deux cents ans cette question de l’achèvement du Louvre et de la jonction des deux palais avait à plusieurs reprises divisé les esprits, et que les plus compétens peut-être s’étaient presque toujours hautement prononcés en faveur d’une idée que les constructions nouvelles allaient rendre impossible. Avant de prendre un parti si tranché, n’aurait-il pas fallu en expliquer les causes, en donner les raisons, entendre les raisons contraires, instruire en un mot l’affaire avec