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enthousiasme par l’autorité municipale, et dont chaque progrès du commerce amène la réalisation partielle. De la pointe d’Endoume jusqu’au cap Janet, ce serait une surface de 200 hectares d’eau, avec lin développement de 30 kilomètres de quais. Liverpool est moins bien partagé.

On ne peut parler des ports de Marseille sans mentionner l’entreprise des docks. La société à qui la ville rétrocéda la concession qu’elle avait obtenue de l’état pour construire et exploiter l’entrepôt de la Juliette disposa pour les besoins de la douane le bassin du Lazaret avec 700 mètres de quais, des magasins pouvant contenir 75,000 tonnes de marchandises, et pour les besoins de l’entrepôt libre le bassin d’Arenc avec 1,400 mètres de quais, dont 300 mètres sur le bassin Napoléon. Indépendamment des hangars des quais, 10 magasins répartis autour du bassin peuvent contenir 75,000 tonnes. La société des docks a aussi obtenu 260 mètres de quais sur le bassin de la Joliette et 320 mètres sur la jetée du large, affectés principalement au service des bâtimens à vapeur. Enfin elle a construit pour le service de l’administration, pour l’installation du moteur hydraulique et le développement de la machinerie à eau comprimée qui donne la vie à ce grand corps, un vaste bâtiment dont les étages superposés renferment encore des magasins pour 80,000 tonnes de marchandises. Cette importante construction est un des embellissemens de la nouvelle ville. L’heureuse application du système hydraulique emprunté à sir W. Armstrong, plus connu parmi nous par l’invention d’un canon à énorme portée, les dispositions prises pour le débarquement et l’embarquement des navires, l’élévation des marchandises dans les magasins supérieurs, font des docks de Marseille l’établissement le plus perfectionné qui existe en ce genre, et justifient la réputation de leur créateur, M. Paulin Talabot. Cet utile établissement a néanmoins rencontré des obstacles imprévus, et tout d’abord l’hostilité de la corporation des portefaix, laquelle survit encore à l’abolition des corps de métiers, et qui depuis sa réorganisation, en 1816, sous le titre de société de bienfaisance, constitue une association privilégiée. Les membres seuls de la corporation ont le droit de posséder le sac, règnent en maîtres sur les palissades, c’est-à-dire sur les quais, et, comme les hommes d’armes servis par des écuyers et des varlets, ils ont au-dessous d’eux, pour faire les gros ouvrages à fond de cale et les transports en ville, les robeirons et les portéiris. A l’ouverture du dock, la corporation des portefaix défendit à ses membres d’y travailler à d’autres conditions que celles de son tarif et de son règlement. Elle expulsa de son sein ceux qui enfreignirent cette défense. Le dock ouvrait ses portes à tous, mais entendait rester maître chez