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couverte importante : l’analogie entre la graine et l’œuf comme composition chimique et comme fonctions. Une graine est un œuf végétal ; les physiologistes ont trouvé dans certaines semences de l’albumen — correspondant au blanc de l’œuf, — et du vitellus — correspondant au jaune. C’est de ce vitellus, tissu microscopique contenu dans le sac embryonnaire, que jaillit une vie nouvelle sous l’influence de l’incubation. Cette incubation, multiple dans ses résultats, est une dans sa cause effective. Ici elle a lieu dans les flancs du mammifère, là sous l’aile de l’oiseau, ailleurs dans le terrain qu’échauffe le soleil, mais partout, dans la graine comme dans l’œuf, comme dans les premières cellules du fœtus, se produisent des phénomènes analogues. Au centre des inertes tissus de l’embryon végétal, qui en certaines circonstances eussent pu garder pendant des années, des siècles même, la faculté germinative, s’éveille une puissance, commence une évolution. Suivant l’universelle loi de transmission et de métamorphose qui préside à la conservation de tant de races vivantes, une étincelle de vie échappée à la plante mère s’est incorporée dans l’embryon, y a condensé on ne sait quelles vertus organiques dans une matière restreinte jusqu’à l’infinie petitesse, si bien que tout un chêne, ainsi qu’on l’a si souvent répété, sommeille virtuellement dans le gland.

Comment en est-il sorti ? Il faut remonter bien loin pour le découvrir, ce chêne, car c’est au milieu des tissus mêmes de la semence qu’il nous faut aller chercher cette fameuse première cellule vivante du sein de laquelle est issu ce colosse de cinq siècles qui superpose par étages les opulens massifs de sa puissante ramure. Cette cellule, que l’on a nommée vésicule embryonnaire, et qui primitivement était formée d’une matière granuleuse, s’est remplie peu à peu de nouvelles cellules internes qui, par segmentations successives, ont fini par former un petit cône lisse, arrondi et mamelonné. C’est alors que dans ce cône s’est accomplie une merveilleuse multiplication de forces. D’une unité primitive sont sortis des élémens divers. Au milieu de ce gland, dont toutes les cellules sont parfaitement identiques en apparence, il s’opère une disjonction, une sorte de bifurcation, dont le résultat immédiat est la formation d’un double courant de vie. L’un monte vers l’atmosphère tandis que l’autre s’enfonce dans les profondeurs du sol. Au premier de ces courans appartiendra la tige, au second la racine. Des deux côtés du gland étaient les rudimens des deux premières feuilles, qu’on appelle cotylédonaires ; au milieu était la gemmule, c’est-à-dire le germe, au-dessous une partie amincie qui a servi d’élémens communs à la tigelle et à la radicule. Le tout constituait une plantule, c’est-à-dire la miniature même du chêne. Eh bien ! cette plantule, la voici entièrement formée. Le tissu cellulaire s’est or-