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riété de bâtimens et de toitures remplacera la longue uniformité des combles de l’ancienne galerie. Cette ligne horizontale, tout d’une venue depuis le pavillon de Flore jusqu’au grand salon carré, jetait sur la façade tout entière une froideur désolante, et c’est avec grand’raison qu’en restaurant et achevant le Louvre on avait introduit par l’exhaussement d’un simulacre du grand salon carré un peu plus de variété dans une partie de ces toitures. Nous craignons seulement qu’on n’aille cette fois un peu trop loin dans ce nouveau système. Si l’uniformité produit l’ennui, l’extrême variété mène à l’incohérence. Ainsi, pour ne parler d’abord que du côté du quai, on nous élève en ce moment, outre une seconde galerie de Charles IX, un second pavillon de Lesdiguière, un troisième grand salon carré, plus un corps de logis tout nouveau surmontant trois immenses arcades ou plutôt trois arches de pont destinées à la circulation des voitures. C’est donc, de compte fait, y compris le pavillon de Flore et le pignon de la galerie d’Apollon, dix constructions indépendantes, dix toitures différentes, qui seront ainsi juxtaposées. Nous ne prétendons pas que la combinaison soit mauvaise, elle nous plaît à beaucoup d’égards ; ces répétitions symétriques sont ingénieusement conçues, seulement nous n’avons pas la certitude que des diversités de toiture aussi multipliées ne brisent pas un peu trop la ligne qu’il était bon de rompre, et que l’effet en soit complètement heureux.

Du côté de la place, nos doutes sont les mêmes. On ne peut encore juger qu’imparfaitement quelle sera la silhouette des constructions qui s’élèvent. Une seule est connue d’avance, le second pavillon de Lesdiguière, copie nécessairement fidèle du premier. Nous n’éviterons donc ni les deux frontons l’un sur l’autre, ni la coiffure cubique surmontée du petit campanile. Pour tout le reste, élévations et toitures, nous ignorons ce qu’on prépare. Une addition très importante, un pavillon qui contiendra, dit-on, la salle définitive des États, fait déjà saillie sur la place : quelle en sera l’ordonnance ? quelle hauteur lui veut-on donner ? quelle forme affectera le comble ? Nous n’en savons rien encore. Même ignorance en ce qui touche la partie supérieure de ces arches de pont. Nous devons même confesser quelque inquiétude à ce sujet. Au-dessus de ces immenses vides, comment trouver quelque motif heureux ? Comment sauver le porte à faux ? Triomphât-on de la difficulté, à quoi bon l’être allé chercher ? Pourquoi ces ouvertures démesurément larges eu égard à une hauteur que le plain-pied du premier étage ne permet pas de modifier ? On veut sous chaque arcade donner passage à deux voitures marchant en sens contraire : ce qu’on leur donne, à vrai dire, c’est l’occasion de s’accrocher. Six guichets de