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valeurs paraissaient garantir les créanciers jusqu’à concurrence de 3,800,000 livres (95 millions de fr.) ; il n’y avait en dehors de cette somme que 200,000 livres (5 millions de fr.) d’acceptations et de comptes exigibles, et M. Morton Peto avait refusé l’assistance généreusement offerte par ses amis, avec l’espoir que la liquidation achevée lui laisserait un avoir d’un million de livres sterling (25 millions de fr.). Un autre entrepreneur de chemins de fer, M. Shrimpton, s’arrêtait avec 200,000 livres (5 millions de fr.) de passif. Plusieurs compagnies de finance, la Barned’s banking Company, l’English joint-stock Bank, l’Impérial mercantile credit Company, l’European Bank, la Consolidated Bank (elle a repris depuis les affaires), la London Bank, j’en passe et des meilleures, s’écroulaient l’une après l’autre. La splendeur éphémère des sociétés à responsabilité limitée n’en rendait que plus sensible la décadence ou la chute. Pour calmer ses cliens, l’International finance Company limited dut offrir de payer, déduction faite de l’escompte de la Banque d’Angleterre, toutes les acceptations qui seraient présentées dans la semaine. Un mal aussi profond, exaspéré par une excitation fébrile, demandait un prompt remède. Au milieu du désarroi général, un seul établissement restait inébranlable, la Banque d’Angleterre. Non-seulement l’act de 1844 préservait de tout soupçon la parfaite solidité des billets en circulation, mais encore la bonne et prudente administration du conseil des directeurs avait ménagé une réserve imposante pour venir en aide au commerce et à l’industrie dans ce temps d’épreuve ; elle avait maintenu la force la plus féconde de toutes, une large confiance. On semble trop prompt à oublier l’immense service rendu par la Banque, elle n’a jamais fourni une assistance plus énergique et plus libérale, tout en restant fidèle aux règles de la prudence. Tandis que partout ailleurs on retirait les dépôts, à Threadneedle-street[1] le chiffre en augmentait et permettait à la Banque d’étendre dans une proportion considérable les escomptes et les avances.

Le gouverneur, M. L. Holland, et le sous-gouverneur, M. Thos. Newman-Hunt, adressèrent le 11 mai à M. Gladstone, alors chancelier de l’échiquier, la lettre suivante :


« Nous considérons comme un devoir de communiquer au gouvernement les faits relatifs aux demandes extraordinaires d’assistance qui ont été adressées aujourd’hui à la Banque d’Angleterre par suite de la faillite de MM. Overend, Gurney et C°.

« Nous avons avancé aux banquiers, courtiers et marchands de Londres, pendant cette journée, au-delà de Ix millions de livres (100 millions de

  1. Siège de la Banque d’Angleterre.