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fiance que la Banque d’Angleterre inspire, et, chose remarquable, une expérience constante peut faire considérer comme acquis au débat que plus la crise sévit, et plus les dépôts augmentent. Ils sont comme une poule aux œufs d’or qu’une émission inconsidérée de billets ne tarderait point à faire disparaître. C’est l’accroissement des dépôts qui a permis à la Banque d’Angleterre de faire face à la dernière crise en déployant une puissance d’action incomparable. Ils ont fourni les ressources matérielles, en même temps que la suspension purement nominale de la disposition limitative de l’act de 1844 a fait tomber les appréhensions fiévreuses.

Le département de la banque emploie son actif, qui se compose du capital, des bénéfices acquis, des dépôts publics et privés et des post-bills (billets à sept jours ou à soixante jours), aux placemens en consolidés et en billets de l’échiquier, aux avances sur fonds publics et aux escomptes[1]. Le surplus constitue la réserve disponible, qui se compose de numéraire et de billets, représentés au département de l’émission par une quotité correspondante de métaux précieux, et employés sous forme de papier par la Banque pour la commodité du service. La réserve doit faire face aux nouvelles avances accordées à l’industrie et aux demandes de retrait des fonds déposés ; elle constitue tout le comptant. En temps normal, une règle fidèlement suivie par le gouvernement de la Banque lui fait maintenir cette réserve active au niveau du tiers des dépôts reçus, car le jeu régulier des échéances successives suffit pour alimenter les avances et les escomptes consentis à nouveau. La Banque, délivrée de tout souci au sujet du remboursement toujours assuré des billets, porte une sollicitude inquiète sur le mouvement des dépôts : ceux-ci constituent sa puissance d’action. Les appeler et les mettre à couvert de toute inquiétude, tel doit être le but de la direction intelligente des affaires. Les placemens en valeurs publiques, les fonds sur lesquels les avances sont consenties et la prudence qui préside au choix des lettres de change admises à l’escompte forment la base solide de la garantie acquise aux déposans ; il faut en outre qu’une somme suffisante d’argent comptant permette à chaque instant de répondre aux demandes de retrait. Quand cette somme faiblit, quand la réserve du département de la banque baisse, le public se trouve aussitôt averti que les avances et les escomptes ne pourront plus être faits aux mêmes conditions. Le rapport naturel de l’offre et de la demande du capital disponible change ; il est tout simple que le taux de l’escompte et des

  1. Nous ne parlons pas du Dead weight annuity, rente annuelle de 585,740 livres sterling, servie par l’état pour une avance de 13 millions de livres, consentie en 1823 et destinée aux récompenses de Waterloo. Cette annuité s’éteindra en 1867 ; elle cessera donc bientôt de figurer dans les états publiés.