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gles d’une prévoyante prudence. Tout en utilisant un champ précieux, demeuré jusque-là en jachère, elles prenaient les précautions indispensables pour tenir les ressources disponibles au niveau des engagemens contractés. Sous ce rapport, nos banques de dépôt, qui se multiplient au grand avantage du pays, auraient d’utiles leçons à puiser dans l’expérience anglaise.

De l’autre côté du détroit, les cliens des banques de dépôt se divisent en deux catégories. Ceux qui se font ouvrir un compte-courant (current account, drawing account) ne touchent point d’intérêt, ou n’en touchent qu’un très faible sur la moindre balance mensuelle ; on leur délivre un carnet (pass-book) et un cahier de chèques au moyen desquels ils ont le droit de disposer à chaque moment de sommes fractionnées jusqu’à concurrence de l’avoir. Il en est autrement des comptes de dépôt proprement dits (deposit accounts), qu’on est tenu de retirer en bloc, d’ordinaire après un avis préalable. Ces dépôts portent un intérêt gradué suivant la durée fixée par cet avertissement. Chaque fois que l’on apporte une somme destinée à ce genre de placement, on obtient en échange des récépissés de dépôt non transférables. Il faut, pour toucher la somme déposée, que le titulaire signe au dos du récépissé et le rapporte lui-même, sans avoir la faculté de tirer des checks sur la banque ni d’obtenir de remboursement partiel. Un certain délai s’écoule toujours (à la grande banque de London and Westminster il est d’un mois) avant que l’intérêt ne commence à courir au profit du déposant. Quant aux comptes-courans, toujours disponibles, nous venons de dire qu’ils ne portent point intérêt. L’habile manager (directeur) de la London and Westminster bank, M. Gilbart, s’est prononcé contre une pareille faveur accordée aux cliens. Il ne faut pas que la banque soit trop exposée à des remboursemens ; elle supporte d’ailleurs de grands frais dont elle doit se couvrir.

Plusieurs banques avaient commencé par servir un intérêt sur les comptes-courans ; elles y ont renoncé ou bien elles en ont réduit le taux à 1 pour 100 ou 2 pour 100 au plus sur la plus faible balance mensuelle ; encore faut-il que cette balance dépasse un chiffre minimum fixé d’avance. De cette façon, comme il arrive souvent que la balance tombe au-dessous de ce chiffre, le service de l’intérêt ne constitue qu’un faible chapitre de la dépense : il a une importance nominale plutôt qu’une importance réelle.

Il est impossible de connaître la proportion entre les comptes-courans et les sommes remboursables at call d’une part et les dépôts sur récépissés à terme d’un mois, de trois mois, de six mois et même d’un an de l’autre. C’est un secret religieusement gardé par les banques : les actionnaires l’ignorent ; les rapports imprimés ne jettent aucun jour sur la question, car ils englobent dans un même