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LA
CRISE FINANCIERE
DE L'ANGLETERRE

II.
L’ACT DE 1844 ET LA LIBERTE DES BANQUES.


I

L’Angleterre vient de passer par une épreuve qu’elle n’avait jamais subie[1]. Plus d’une fois des crises formidables ont éclaté de l’autre côté du détroit, plus d’une fois un commerce colossal, une industrie merveilleuse, un crédit étendu, une richesse sans cesse croissante, y ont éprouvé un rude ébranlement. On y connaissait les runs upon the bank, c’est-à-dire les assauts livrés par les détenteurs de billets et par les déposans aux caisses des institutions de crédit ; mais jamais on n’avait vu, pour nous servir de l’expression du président actuel du Board of Trade (ministre du commerce), sir Stafford Northcote, un run upon England, causé par la méfiance répandue à l’étranger. — Malgré le taux élevé de l’escompte, qui assurait un beau revenu aux détenteurs des lettres de change disposés à attendre l’échéance de ces titres, les remises sur l’Angleterre ont été délaissées, et les soldes ont dû en grande partie être payés en or. Ce coup a porté atteinte non-seulement aux

  1. Voyez la Revue du 15 août 1866.