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et nationale que lorsqu’elle aura été étudiée dans tous ses aspects, ardemment agitée et profondément comprise par l’opinion publique. On devrait se hâter de la porter devant le juge suprême et décisif, qui sera le pays.

La vie politique recommence d’une façon sérieuse en Autriche. Partout les diètes provinciales se réunissent, et le gouvernement, en butte à des prétentions contradictoires, paraît avoir la volonté sincère de faire sortir de tout cela un régime représentatif libéral. Le grand intérêt de ce réveil d’activité politique se concentre principalement sur la Hongrie. Quand on considère le crédit que M. Deak a conservé sur la masse de ses compatriotes et le nombre de voix dont il dispose dans la chambre hongroise, on est autorisé à croire qu’il dépend de la cour de Vienne d’opérer la complète réconciliation de son plus beau royaume avec l’ensemble de la monarchie. M. Deak ne demande que des satisfactions légales d’un caractère parfaitement conservateur, puisqu’elles s’appuient sur ce qu’on appelle de l’autre côté de la Leitha la continuation du droit. La cour de Vienne fera preuve d’habileté, si elle s’abstient de puériles chicanes, et si elle fait de bonne grâce les concessions les plus larges. Sur ce puissant noyau de la Hongrie, il est encore possible de reconstituer une force nécessaire à l’équilibre européen, et la Hongrie, menacée par le fractionnement et la jalousie des races et par l’ambition de puissans voisins, a le même intérêt que l’Autriche à la conservation de cette force. La réconciliation des intérêts autrichiens et des intérêts hongrois est donc désirable et vraisemblable. Une fois la Hongrie ralliée, il sera possible de travailler à la réunion de toutes les forces de la monarchie dans une représentation commune. En même temps que cette œuvre politique s’accomplira, le nouveau ministre autrichien peut contribuer puissamment au groupement des nationalités diverses par une intelligente administration de leurs intérêts économiques. Dans le gouvernement de la Saxe, M. de Beust a prouvé qu’il comprenait les fécondes doctrines de notre époque, et qu’il savait diriger habilement les intérêts matériels d’un pays moderne. Nous ne savons si l’avenir réserve à M. de Beust un grand rôle diplomatique, ce n’est point vers les succès de la diplomatie que nous serions pour notre part disposés à exciter son émulation. Que M. de Beust s’efforce de coordonner et de mettre en valeur les richesses naturelles de l’Autriche; il trouvera sûrement dans cette voie le moyen de rétablir la puissance de sa patrie d’adoption.


E. FORCADE.


ESSAIS ET NOTICES.

Etudes sur le Vin; ses maladies, causes qui les provoquent, procédés nouveaux pour le conserver et pour le vieillir, par M. Pasteur. Paris 1866.


Une tendance générale qui se manifeste dans les travaux d’une nouvelle école de chimistes est de faire intervenir des actions vitales dans l’expli-