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norme travail qu’ils doivent produire pour se soutenir dans l’atmosphère. L’oiseau est un foyer de combustion d’une extrême activité ; tout son corps n’est pour ainsi dire qu’un poumon ; l’air, puissamment appelé par le jeu même des ailes, vient en abondance vivifier le sang que le cœur lance avec une vigueur prodigieuse à travers les organes. Le torrent de la circulation fournit ainsi aux muscles d’énormes provisions de chaleur qu’ils peuvent convertir en travail. On a pu constater que l’oiseau consomme à l’état de repos une grande quantité d’oxygène ; on serait peut-être effrayé, si l’on pouvait connaître ce qu’il en absorbe dans un vol rapide.

Nous venons de constater chez l’homme et incidemment chez l’oiseau la conversion de la chaleur en travail. Il nous faut encore examiner d’un peu plus près les circonstances qui accompagnent ce phénomène. Les muscles se gonflent en se raccourcissant pour déterminer les mouvemens des os auxquels ils sont reliés. Lorsque dans les expériences physiologiques on fait contracter un muscle[1] par une excitation factice, en le pinçant par exemple ou en lui communiquant une secousse électrique, on obtient des soubresauts, des convulsions violentes, qui ne ressemblent pas aux mouvemens gradués que provoque la volonté ; mais, si l’on produit une série continue d’excitations, on voit le muscle se contracter d’une façon durable. Helmholtz, en employant le courant intermittent d’une bobine d’induction, a montré qu’il faut au moins trente-deux excitations par seconde pour obtenir la contraction continue : le muscle ainsi contracté produit un son perceptible, quoique très grave, et Helmholtz a pu constater que la hauteur du son correspondait au nombre d’interruptions produites dans la bobine inductrice. Un fait caractéristique accompagne d’ailleurs la contraction musculaire, et peut en être regardé comme la cause directe : c’est une forte absorption d’oxygène. M. Matteucci l’a prouvé en comparant, par un dosage à l’eau de chaux, les quantités d’acide carbonique que donnent des muscles contractés et des muscles en repos. L’oxydation des muscles s’observe aussi directement dans l’économie animale ; on sait que le sang veineux, lorsqu’il sort de

  1. Les muscles sont formés de fibres éminemment contractiles et qui affectent deux formes principales : la fibre lisse appartient aux muscles qui servent à la vie organique, à cette vie sourde et comme inconsciente qui anime les diverses parties du corps ; la fibre striée appartient aux muscles de la vie de relation, à ceux qui produisent les mouvemens volontaires. Certains muscles, le cœur par exemple, offrent une composition mixte. Une différence apparaît dans la motilité de ces deux espèces de fibres ; le muscle strié, quand on l’excite, se contracte brusquement et se relâche aussitôt ; le muscle lisse agit plus lentement et d’une façon plus prolongée. La physiologie a surtout étudié les muscles striés ; ce sont ceux qui présentent pour nous en ce moment la plus grande importance, puisqu’ils sont les organes des mouvemens volontaires.