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Revue[1] ont éclairé d’une vive lumière le rôle nouveau et considérable que la notion de force active joue dans les conceptions synthétiques de la science contemporaine. Nous n’avons point à examiner en ce moment si l’usage qu’elle en fait est plus ou moins légitime, et si par exemple elle ne confond pas quelquefois des causes qui sont semblables sans être identiques. Il suffit à la métaphysique de compter des témoins, mieux encore, des auxiliaires ailleurs que dans les rangs des philosophes de profession. Il lui est assez agréable de voir le fondateur même de l’école positiviste venir déposer en faveur de l’activité spontanée des corps, c’est-à-dire confesser en termes à peine déguisés que la nature est pleine d’énergies actives ou, comme nous disons, de forces. «... Il est devenu évident, dit Auguste Comte, pour tout observateur que les divers corps naturels nous manifestent tous une activité spontanée plus ou moins étendue... Il est aisé de reconnaître dans les corps bruts une activité spontanée exactement analogue à celle des corps vivans, mais seulement moins variée. » Cette unanimité des philosophes et des physiciens à regarder la force active comme l’un des élémens constitutifs des corps n’a pas paru à M. Magy fournir à sa théorie un suffisant appui. Il s’est fait un devoir, — et c’est peut-être là le principal mérite et le côté le plus nouveau de son ouvrage, — il s’est imposé la tâche de réunir et de compléter tous les argumens qui démontrent que la force active est partout dans la matière. Après avoir invoqué cette raison psychologique, souvent alléguée avant lui et toujours à bon droit, que l’âme, consciente de son énergie personnelle, ne peut s’empêcher de concevoir les êtres physiques comme des forces agissantes semblables à elle-même, il appelle à son aide l’observation directe des corps et de leurs mouvemens. Par exemple, il tire un parti très habile du phénomène de la pesanteur. Qu’est-ce qu’un corps pesant? dit-il. C’est un corps que je ne puis soutenir à une certaine hauteur au-dessus du sol sans un effort dont j’ai conscience. Tout corps pesant est donc une cause de résistance, c’est-à-dire une force, ou plutôt un système de forces, puisque toute substance corporelle est divisible en plusieurs fragmens, dont chacun est lui-même un corps au même titre que le composé qui l’a fourni. Cela n’est pas moins vrai des gaz que des solides. En effet, un fluide que je ne saurais saisir et soupeser avec la main, je puis l’enfermer dans un vase de poids connu, suspendre ce vase à l’un des plateaux d’une balance et lui faire équilibre avec un poids auxiliaire dont l’excès sur le poids du récipient mesurera le poids du fluide, c’est-à-dire la résistance que

  1. Livraison des 1er novembre, 15 novembre et 15 décembre 1860.