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Néanmoins ils descendent moins bas qu’en Suisse et en Savoie. La hauteur moyenne au-dessus de la mer de l’extrémité inférieure de huit glaciers des montagnes du Caucase est, d’après les mesures de MM. Kholenati et Ruprecht, de 2,185 mètres. Ces glaciers présentent tous les accidens de ceux des Alpes, et donnent naissance à de grands fleuves tels que le Wilbat-don, le Samu, le Sulak, dont les noms même sont inconnus en Europe.

La chaîne de montagnes qui forme l’arête de la péninsule scandinave est peu élevée ; mais, le climat étant froid et humide, de grands Glaciers descendent vers la côte norvégienne. Le plus long de tous paraît être celui de Lodal, sous le 61e degré de latitude. Il a 9 kilomètres de long sur 700 ou 800 mètres de large, et s’arrête à 580 mètres au-dessus de la mer. L’escarpement terminal de celui de Nygaard n’est qu’à 340 mètres d’altitude ; il provient d’une montagne dont la hauteur ne dépasse pas 1,640 mètres. Même sous le 70e degré, au fond du golfe de Jöckul, les glaciers s’arrêtent avant de toucher le bord de la mer ; mais en Islande (lat. Qà°) et dans l’île de Jan Mayen (lat. 70% long. 10° 0.) ils atteignent le niveau de l’Océan-Glacial[1]. Enfin au Spitzberg (lat. 77° à 81°) toutes les vallées sont comblées par des glaciers qui non-seulement descendent jusqu’à la côte, mais s’avancent au-delà du rivage jusqu’à ce que l’extrémité qui surplombe la mer, n’étant plus soutenue à la marée basse, s’écroule dans les flots : l’escarpement de ces masses agglomérées, tourné vers le large, forme un mur de glace ayant jusqu’à 10 kilomètres de front. L’un d’eux, celui de Bellsound, que j’ai étudié en 1838, avait, d’après les mesures des officiers de la Recherche, 18 kilomètres de long sur 5 kilomètres de large. Les montagnes du Spitzberg, dont l’altitude varie de 500 à 1,200 mètres, sont pour ainsi dire enterrées dans la glace ; leurs pointes seules restent visibles et ont mérité à l’île le nom que les Hollandais lui ont donné. Ces glaciers sont les émissaires d’un réservoir immense qui occupe tout le centre de l’île : aussi le Spitzberg réalise-t-il la conception d’un pays de montagnes entièrement envahi par les glaciers. Les sommets les plus élevés percent seuls le manteau de glace sous lequel la contrée tout entière est ensevelie. Toutefois entre les vallées qui débouchent dans la mer et dans les parties plates il existe des espaces où la neige disparaît pendant l’été et où croissent quelques humbles plantes, enfans perdus de la flore continentale. Il en est de même au Groenland; mais celui-ci, ayant seulement un vaste plateau intérieur sans hautes montagnes, nous fournit l’exemple d’un pays peu accidenté où les conditions climatériques suffisent pour

  1. Voyez, sur l’île Jan Mayen, la Revue du 15 août 1863.