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lèges qui ne sont plus que de vénérables antiquailles, et pour accepter à la place une autonomie locale compatible avec la conduite des affaires générales fondée sur un système représentatif varié et harmonique. Si les nationalités qui ont à se plaindre de l’ancien gouvernement de l’Autriche se laissent dominer par des ressentimens surannés, et se détournent aveuglément de l’occasion qui s’offre à elles en contribuant à la destruction de l’Autriche, elles n’auront pas éloigné, elles rapprocheront au contraire les races dont elles redoutent le plus l’invasion pénétrante et dominatrice. Après l’Autriche, qu’y aura-t-il dans ces régions, si ce n’est l’Allemand prussien et le Russe ? C’est aux Hongrois et aux Tchèques, aux Polonais et aux Allemands de l’empire d’aviser ; mais que de difficultés dans cette tâche ! La frivole aristocratie de cour qui est en train depuis si longtemps de perdre l’Autriche, la maison impériale si peu ouverte aux inspirations modernes, si dépourvue du sentiment de l’à-propos, ne rendront-elles point impossible par d’incurables préjugés et des obstinations inopportunes la formation de la confédération danubienne ? Étrange misère de notre temps ! même en faisant de la politique pratique, on est toujours forcé de côtoyer en tremblant l’utopie.

Les états jeunes ou vivaces, la Prusse et l’Italie notamment, ont repris ou vont reprendre leurs travaux parlementaires. Au nord de l’Allemagne va commencer la préparation électorale du parlement de la nouvelle confédération. Il faut attendre avec curiosité cette première représentation officielle de l’unitarisme prussien. Jusqu’à ce qu’on ait vu vivre ce parlement, on ne peut attacher une grande importance aux incidens qui se produisent dans les diverses parties de l’Allemagne, où les uns signalent la confirmation du mouvement unitaire, et où d’autres croient apercevoir les premiers symptômes d’une réaction d’indépendance locale. Il sera curieux de voir si le Hanovre, la Hesse-Cassel, Francfort, enverront au parlement quelques représentans des protestations anti-prussiennes ; il sera curieux d’observer si M. de Bismark est habile à discipliner le suffrage universel en Allemagne, et s’il sait en faire sortir des manifestations unanimement monarchiques et féodales. La seconde chambre actuelle étant une émanation des classes intelligentes et cultivées de la Prusse, il y aura intérêt à noter les différences qui distingueront l’assemblée sortie du suffrage universel. En attendant que ces objets d’étude nous soient donnés, l’annexion des duchés danois à la monarchie a été officiellement accomplie, et nous sommes impatiens de savoir quand et sous quelles conditions M. de Bismark permettra au Slesvig septentrional d’opter entre la nationalité danoise et la nationalité prussienne.

Plus habiles et plus droits dans leur patriotisme que M. de Bismark, qui absorbe l’unité allemande dans la Prusse, les hommes qui ont dirigé l’émancipation italienne ont eu le courage et l’abnégation de fondre dans l’unité nationale le royaume de Piémont, qui fut le premier artisan de l’in-