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ceci, c’est d’abord la discipline parfaite avec laquelle les partis américains organisent leur action. Devant un péril imprévu, le parti républicain s’est trouvé réuni à l’improviste, agissant comme un seul homme. C’est ensuite la force du frein par lequel on peut aux États-Unis arrêter les caprices et l’outrecuidance du pouvoir exécutif. Quand on compare à cet égard l’Union américaine à l’Europe, on doit bien convenir que c’est l’Amérique qui est le nouveau monde, et que ce n’est point nous qui rajeunissons.

e. forcade.



M. de Mérode, ancien pro-ministre des armes à Rome, aujourd’hui « archevêque de Métilène et aumônier de sa sainteté, » a des loisirs que le saint-père lui a faits ; il met à profit ces loisirs pour lire la Revue des Deux Mondes avec une minutieuse attention dont nous devons lui savoir gré, et pour nous écrire au sujet ou à l’occasion de l’article qui a paru dans le numéro du 1er décembre 1866 sous le titre de l’Italie et Rome. Il est toujours belliqueux, quoique en retraite, M. de Mérode ; il est leste la plume à la main comme dans l’action, et, sans bien peser ce qu’il écrit, il nous demande de communiquer sa lettre aux lecteurs de la Revue en invoquant un droit. Cette lettre, nous ne la publierons pas, — non parce qu’elle contredit nos opinions, si elle avait eu simplement ce caractère, la Revue l’eût publiée tout de suite, — mais justement parce que sous ce rapport c’est un document dénué d’intérêt, et que pour le reste l’auteur mêle dans sa lettre des choses qui ne le concernent pas, sur lesquelles il n’a par conséquent ni observations ni réclamations à nous adresser. Un seul point pourrait toucher personnellement M. de Mérode dans l’article qui a motivé sa lettre, c’est ce que nous avons dit de son rôle dans les affaires de Naples et de Rome, c’est la part de connivence que nous lui avons attribuée dans les troubles du Napolitain. M. de Mérode paraît tenir à faire savoir qu’il décline toute connivence de ce genre, et nous ne voyons aucune difficulté à faire connaître le désir de l’ancien pro-ministre des armes.

Que M. de Mérode nous permette seulement de le lui dire : ce n’est pas nous uniquement qu’il doit convaincre, c’est un peu tout le monde à Paris, en Europe et même à Rome. Ce n’est pas aujourd’hui seulement qu’il aurait dû se préoccuper de rectifier une impression à peu près universelle ; il aurait dû y songer au moment où se passaient des faits de nature à susciter au moins de graves présomptions, lorsqu’un désaveu net et clair, surtout appuyé sur des actes, aurait eu une sérieuse valeur politique, au lieu de se produire après des événemens qui, si nous ne nous trompons, n’ont pas entièrement répondu aux espérances de notre correspondant. Sur tous ces points, M. de Mérode nous permettra de lui faire remarquer que ce n’est pas nous qui comptons sur la crédulité de nos lecteurs en disant ce que nous avons dit, que c’est lui qui compte un peu sur notre naïveté. Nous ne demandons pas mieux que de la mettre à son service, gardant pourtant le