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nombre des sociétés de secours mutuels, qui n’était en 1852 que de 2, 438 comprenant 250,000 sociétaires et possédant 10 millions de francs ; dix ans plus tard s’élevait à 4, 700 avec 640,000 membres et un avoir de 30 millions ; mais ce genre de sociétés ne figure pas d’ordinaire dans le nombre des sociétés d’assurances, non plus que les caisses d’épargne proprement dites, dont le déclin relatif chez nous contraste si tristement avec la popularité croissante des mêmes établissemens en Angleterre. Tandis qu’en 1848 les dépôts s’élevaient à 355 millions de francs en France contre 700 en Angleterre, soit plus de moitié, la proportion en 1864 n’est plus que du tiers, 500 millions contre 1,400, et cependant l’intérêt payé par la caisse aux déposans s’élève encore chez nous à 3 et 3 1/2 pour 100, tandis qu’il ne dépasse pas 2 pour 100 chez nos voisins. L’Angleterre en 1861 a créé les caisses d’épargne postales ; elle a donné à un certain nombre de bureaux de poste la faculté de recevoir, de payer à toute heure, sous les plus simples formalités, des dépôts dont le maximum s’élève à 5,000 fr. Aussi dès 1866 3,321 caisses postales avaient-elles réuni une clientèle de 600,000 déposans, sans que les anciennes caisses eussent vu diminuer la leur ; au contraire celles-ci avaient gagné de 1861 à 1864 près de 300,000 cliens de plus. Chez nous, depuis que le maximum des dépôts a été réduit, le total des versemens a baissé : la caisse d’épargne de Paris seule en a vu le chiffre tomber de 112 à 45 millions, résultat regrettable, que ne compensent point les progrès des sociétés de secours mutuels, ni même ceux des caisses de retraite.

Ce n’est pas que ces dernières institutions en particulier ne méritent d’être encouragées : assurément la prévoyance qui persuade aux hommes vivant au jour le jour de leur travail manuel ou autre d’économiser une partie de ce qu’ils gagnent pour s’assurer un revenu à l’âge du repos n’a rien que de très louable. Quoique empreint d’un certain esprit personnel et égoïste, un pareil sentiment favorise l’aisance des familles, puisqu’il les soustrait à la nécessité de pourvoir aux dépenses de ceux de leurs membres qui ne gagnent plus rien. À ce compte, il faut applaudir aux efforts de tout genre tentés depuis moins d’un quart de siècle par les grandes entreprises de travaux publics, par les établissemens industriels et par les gouvernemens eux-mêmes pour constituer en faveur de leurs employés des pensions viagères au moment où ils ne peuvent plus travailler. Le principe des retraites date, on peut le dire, de l’établissement de toute administration régulière ; mais jusqu’à ces dernières années les retraites étaient réservées aux fonctionnaires spéciaux, aux agens du pouvoir central, et acquises après un temps de services rigoureusement fixé. C’est la loi de 1850 qui, pour la première fois, concéda au public en général aussi bien qu’aux employés de