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d’autre résultat que de demander à ses membres le moins possible pour indemniser ceux qui ont été victimes de l’incendie. Dans le cours d’une existence déjà longue, l’annuité moyenne payée n’a pas atteint 9 francs pour 100,000 francs de valeur immobilière assurée[1]. On ne peut se garder contre le feu à plus bas prix. La modestie des administrateurs de cette utile entreprise, l’ignorance où malheureusement le public se laisse endormir sur la plupart des affaires, peuvent seules expliquer comment la Société mutuelle de Paris n’a pas encore trouvé des imitateurs en France et à l’étranger. Les grandes capitales de l’Europe appliqueraient avec fruit le même système.

Si l’on s’est arrêté un moment à parler de la Société mutuelle de Paris, ce n’est pas au hasard ; c’est qu’elle a paru digne d’être présentée non-seulement comme un exemple, mais encore comme un cadre tout fait pour l’introduction en France de la mutualité pure dans les assurances en cas de décès. Chez nos voisins, un corps ainsi constitué, aussi robuste et aussi sain, aurait déjà été utilisé pour d’autres fonctions. Malgré la spécialité qu’ils attribuent à leurs créations dès le début, ils ne tardent pas à leur faire jouer des rôles multiples et à mêler aux assurances maritimes celles contre l’incendie et sur la vie même. La Société d’assurances mutuelles immobilières de Paris se prêterait à merveille à de nouvelles combinaisons, Point de doute en ce qui concerne les assurances mobilières contre l’incendie. Les intérêts, la matière, ne sont-ils pas communs ? les opérations nécessitées après les sinistres ne sont-elles pas unes ? Quelle économie ne résulterait pas d’une réunion des deux natures d’assurances pour la perception des primes, le paiement des risques, la réparation des accidens ! Une comptabilité séparée pour chacune serait seule de rigueur, mais l’administration n’aurait qu’un même

  1. Il faut toutefois se bien rendre compte de ce bon marché de l’assurance parisienne. Dans les 9 francs payés annuellement en moyenne pour 100,000 francs de valeur assurée, les frais de tout genre comptent pour 6 francs, la cotisation mutuelle destinée à l’indemnité des sinistres pour moins de 3 francs. Serait-ce que l’ensemble de ces sinistres dans toute la capitale ne dépasse pas 150,000 francs par exemple ? Il s’en faut bien ; mais les locataires garantissent les propriétaires contre les dégâts produits par le feu qui aurait éclaté dans les lieux loués ; en outre la plupart des locataires sont eux-mêmes assurés à d’autres compagnies qui les garantissent des risques mobiliers, parmi lesquels se trouve compris le recours des propriétaires. C’est donc en définitive sur la solvabilité des locataires et sur la solidité des compagnies d’assurances mobilières contre l’incendie que repose la gratuité relative de la Société d’assurances mutuelles immobilières. On n’a pas besoin de beaucoup réfléchir pour comprendre tout ce que cette combinaison présente d’avantageux, puisqu’elle rend tant d’intérêts solidaires, et qu’en donnant une raison d’être de plus aux assurances mobilières elle fait en même temps la fortune des sociétés qui garantissent les propriétaires ou les locataires contre les chances de l’incendie.