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s’inaugurait en France et en Angleterre. Frédéric Ier refusa la couronne impériale et se contenta d’arrondir son territoire en y ajoutant une partie de l’Ukermark, de la Poméranie et du Meklenbourg. Il mourut en 1440 laissant un état florissant de 12,800 kilomètres carrés.

Souvent on remarque dans l’histoire que certaines circonstances semblent la figure des événemens qui doivent suivre. On dirait l’ombre anticipée, l’image prophétique de l’avenir. L’ordre et l’économie dans l’administration des finances, la rapidité et la précision dans les mouvemens stratégiques, l’adoption prompte des armes de guerre les plus perfectionnées, voilà ce qui assure le succès du premier électeur de la famille de Hohenzollern, et jette les bases solides de la grandeur naissante du Brandebourg. Sous les électeurs suivans, le petit état continue à prospérer et à grandir par les mêmes causes. A Frédéric Ier succède son frère, Frédéric II, surnommé dentibus ferratis, dents de fer, à cause de son énergie. Agé seulement de vingt-sept ans, il suit exactement les traditions de son aîné. Même économie, même promptitude dans l’action. Toujours muni d’argent comptant, il achète à l’ordre teutonique, ruiné par ses guerres avec la Pologne, l’importante province de Neumark, qui s’étendait au-delà de l’Oder jusque près de la Baltique ; puis il y ajoute par voie d’achat ou de conquête les principautés de Cottbus en 1448, de Pritz et Wernigerode en 1449, de Teupitz en 1462, — acquisitions moins considérables, mais qui rectifiaient les frontières. Ses qualités de bon administrateur sont si bien appréciées qu’on lui offre la couronne de Pologne. Attaché à son pauvre, mais robuste pays, il refuse de décevantes grandeurs. Frédéric II fut le premier électeur qui habita Berlin, où il fit bâtir une résidence que remplaça plus tard le palais actuel. Vers la fin de sa vie, en 1471, il abdique en faveur d’un troisième frère, Albert, surnommé Achille pour sa force et son courage. Celui-ci avait longtemps combattu au service de l’empereur contre les Hongrois, les Bohèmes et les Polonais. Il meurt en 1486 à Francfort, âgé de soixante-douze ans, après avoir contribué à porter la maison des Hapsbourg à l’apogée de sa grandeur par la nomination comme roi des Romains de Maximilien, qui devait apporter à l’Autriche, grâce à son mariage avec l’héritière des ducs de Bourgogne, les dix-sept magnifiques provinces des Pays-Bas, la plus riche contrée de l’Europe après l’Italie. A Albert Achille succède son fils Jean, quatrième électeur, que son talent de bien parler latin avait fait surnommer le Cicéron de l’Allemagne, Cicero Germaniœ. Sous le règne de son successeur, Joachim, éclate la grande révolution religieuse qui devait donner naissance à l’état prussien, car jusqu’à ce jour le Brandebourg et les Hohenzollern