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On s’imagine à Paris que la zone équatoriale est le pays de l’éternel beau temps ; il n’y a pas d’erreur plus grande. Au moment où les deux courans se rencontrent, les vents cessent : c’est la zone des calmes équatoriaux. Entraîné de bas en haut, l’air fait une sorte de vide au-dessus du baromètre, qui baisse : c’est la zone des faibles pressions. En montant, il se dilate et se refroidit ; alors il pleut, et comme c’est le lieu le plus chaud de la terre et que l’air y contient le plus de vapeurs, on y recueille jusqu’à 4 mètres d’eau par année. C’est la zone des plus grandes pluies, des orages les plus formidables ; c’est le cloud-ring des Anglais et le pot-au-noir de nos marins. A l’ennui d’une pareille saison s’ajoute encore l’accablement d’une humidité chaude. Le thermomètre atteint 40 ou 45 degrés, l’évaporation est nulle, les matières organiques y entrent en décomposition rapide et engendrent ces miasmes inconnus, ces fièvres de toute sorte et mortelles qui déciment les Européens ; mais si elles sont nuisibles aux animaux, ces conditions de chaleur et d’humidité sont au contraire celles que réclament particulièrement les plantes, et l’on retrouve en ces climats la flore surabondante et hardie qui semble avoir, pour la même raison, caractérisé l’époque où se formait la houille.

Or la zone de l’échauffement maximum se déplace en même temps que le soleil, et avec elle la mauvaise saison. Pendant l’été, elle envahit le Mexique et les Antilles, couvre l’Inde tout entière et la Cochinchine. Pendant l’hiver, elle passe au-dessus de l’île-Bourbon, aux Marquises et au nord de l’Australie ; deux fois par an, aux équinoxes, elle traverse l’équateur. A son approche, les vents tombent, quelques nuages se montrent au sud ; le ciel se charge lentement de vapeurs, de brumes et d’électricité. Un premier orage éclate vers deux heures ; il y en a deux le lendemain, puis ils durent toute la journée et même toute la nuit. Tel est l’été au Mexique.

Mais aussitôt que le cloud-ring abandonne la contrée, les zones alizéennes l’envahissent, le beau temps devient aussi continu que les pluies avaient été incessantes, et les feuilles se dessèchent. On voit que dans la zone torride tout est réglé par une force unique, la chaleur solaire, et que tout y montre la précision des phénomènes astronomiques. A peine avons-nous passé les tropiques que nous entrons dans les climats variables. La circulation générale y est affaiblie par l’éloignement de l’anneau d’aspiration ; les dérivations descendantes ramènent à la surface du sol l’air du courant équatorial, et nous allons voir qu’elles y ramènent la chaleur et l’eau qu’avaient puisées les vents alizés.

Considérons par la pensée un litre de cet air qui s’élève dans l’anneau d’aspiration : il est très chaud et presque saturé. Tout