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symétriques ; pendant que le nôtre est composé presque en entier de terres, celui du sud semble exclusivement recouvert par les eaux. L’irrégularité est surtout sensible au-dessous du continent indien ; elle y produit un grand déplacement du cloud-ring. Pendant l’été, il remonte au nord de l’Indoustan, parce que c’est le continent qui s’échauffe le plus, et il emmène avec lui des pluies diluviennes qui s’élèvent, à Cherra-Ponjée, jusqu’à 15 mètres par année ; il entraîne aussi sur la mer des Indes l’alizé du sud-est. En hiver, les conditions sont renversées : c’est le continent qui est refroidi ; l’anneau d’aspiration descend au-dessous de l’équateur, et la mer des Indes essuie l’alizé supérieur venant du nord-est. A chaque équinoxe, cette mer voit ainsi se succéder deux vents très distincts, très réguliers, que l’on nomme moussons, et qui étaient connus de toute antiquité. A la rigueur, les moussons se montrent sur toutes les mers équatoriales, dans l’étendue de la zone parcourue par le cloud-ring ; mais c’est dans la mer des Indes que cette zone est la plus grande.

En Afrique, l’anneau d’aspiration reste à peu près fixe ; il y est compris entre le 5e et le 15e degré de latitude nord ; il y verse ces torrens de pluie qui durent toute l’année, et que mentionnent les récits de Baker. Au-delà de cette ligne, dans l’immense pays compris entre l’Atlas et le Sénégal, règne éternellement l’alizé du nord. Desséché par son passage sur des crêtes élevées, s’échauffant de plus en plus pendant sa course vers le sud, il enlève à la terre toute trace d’humidité et aux plantes toute source de vie. Tout cet espace, une ancienne mer que le vent semble avoir pompée, montre encore aujourd’hui le lit desséché et vierge de l’océan qui l’occupait autrefois et dont il a gardé la salure. Les mêmes causes continuent fatalement le désert à travers l’Égypte, qui n’est qu’une oasis, l’Arabie et la Mongolie jusqu’aux plateaux du Thibet.

Les déserts occuperaient sur la terre une étendue bien plus grande encore, si l’atmosphère de la zone torride n’était transportée de l’est à l’ouest, comme nous l’avons précédemment expliqué. Il en résulte que le cloud-ring porte dans le même sens sur les continens d’Afrique et d’Amérique l’air saturé d’eau qui vient de la mer des Indes ou de l’Atlantique, et que ce sont les îles et les côtes orientales de ces grands continens, — les Indes, les côtes de Mozambique et de Zanzibar, les Antilles, le Brésil et la Colombie, — qui reçoivent le plus de pluie. « Quand nous visitâmes, dit Dampier, la petite île de la Gorgonie sur la côte de la Nouvelle-Grenade, il pleuvait tellement dans nos calebasses qu’elles restaient toujours pleines, quelle que fût la rapidité avec laquelle nous buvions ; plusieurs de nos hommes jurèrent qu’il était impossible de boire