Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 67.djvu/938

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans son hydrodynamique, traita cette question, dont s’était déjà occupé Huyghens, et il prouva que la force centrifuge faisait une sorte de vide au centre et rejetait l’eau à la circonférence. L’expérience et le calcul n’ont rien laissé à désirer sur ce point. Je n’y insisterai pas, je me contenterai de citer un exemple qui est à la portée de tout le monde. En regardant couler la Seine du sommet d’un pont, quand on est tourné vers le nord, on voit le courant marcher à droite, et plus loin, vis-à-vis des piliers, il y a des remous à peu près immobiles. Or entre ce courant et ces remous on voit se former des tourbillons avec un creux central où l’eau s’engouffre, autour duquel elle pirouette, tout en descendant au fil de la rivière. On remarquera que le mouvement est inverse de celui des aiguilles d’une montre, ce que l’on explique aisément.

Ce qui se passe à la surface des eaux se produit aussi dans les gaz. Sénèque parle déjà de tourbillons que détermine dans l’air la rencontre de vents opposés, tourbillons que nous voyons souvent se former par des rafales de vent qui soulèvent la poussière, quelquefois les chapeaux, et qui courent en tournoyant dans la plaine : ce sont de petits cyclones. Les trombes offrent un caractère analogue ; mais elles sont accompagnées de circonstances singulières et peu expliquées.

Pour nous familiariser avec ce sujet, nous pouvons encore citer les ventilateurs : ce sont des instrumens composés d’une roue à palettes qui tourne rapidement dans une boîte dont le couvercle est percé d’un trou central, Quand on fait tourner la roue, il se fait un vide partiel au centre, l’air extérieur entre dans le trou du couvercle, tourbillonne dans la boîte, se condense sur le contour par l’effet de la force centrifuge et s’échappe par des conduits disposés convenablement. Ces divers mouvemens se résument ainsi : 1° il faut une force pour commencer et continuer le mouvement ; 2° quand il se produit, il se fait un vide partiel au centre, et la pression augmente de ce centre à la circonférence. Nous allons rechercher d’abord si les ouragans réalisent ce déplacement rotatoire, et ensuite quelle est la force à laquelle il faut l’attribuer.

C’est M. Dove qui le premier reconnut en Europe que les ouragans sont des cyclones. J’ai raconté comment Brandes avait, en 1821, recueilli les observations qui avaient été faites en Europe au sujet d’un ouragan considérable, et comment, après coup, il avait essayé de reconstruire le phénomène. Brandes s’était trompé dans ses conclusions. M, Dove discuta de nouveau ces observations en 1838 ; elles lui apprirent que le 26 décembre 1821 la pression barométrique était à Brest plus faible que partout ailleurs, qu’elle augmentait à mesure qu’on s’en éloignait, et que les vents