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les vents. Telle est la découverte de M. Marié Davy, telle a été la conséquence du système d’observations simultanées et de cartes synoptiques.

Il y en a encore une autre d’une plus grande importance, c’est la possibilité de prévenir les marins dans les ports. Quand on voit arriver un centre de dépression sur l’ouest de l’Angleterre et que les vents tournent autour de ce point dans le sens ordinaire, on peut être assuré qu’un cyclone arrive. Si la baisse barométrique est faible et les vents modérés, c’est une bourrasque inoffensive ; mais quand la baisse et les vents dépassent la limite ordinaire, il faut se hâter, c’est une tempête. La forme des courbes barométriques montre aisément sa direction probable, et on peut à coup sûr annoncer, soit à la Baltique, soit aux côtes de l’Océan, soit1 aux ports de la Méditerranée, ce qu’il faut craindre des dangers imminens. On sait quels services ont déjà rendus ces prévisions du temps, les seules possibles, les seules auxquelles on doive croire.


VIII

Quels sont maintenant les résultats qu’a recueillis le petit réseau, celui des observateurs cantonaux chargés de surveiller les orages ? Commencée en 1865, l’association fonctionna immédiatement sous la surveillance des préfets. Les observations cantonales furent résumées par des commissions départementales, le travail des départemens fut concentré à l’observatoire par M. Fron, la marche de tous les orages de l’année a été dessinée dans un atlas qui vient d’être publié par le ministère de l’instruction publique. On voit que la centralisation a du bon.

On peut dire que cet atlas nous en a plus appris pendant une année sur la marche des orages que tous les siècles antérieurs. Jusque-là on n’avait expliqué que les grands phénomènes électriques de ces météores, on s’en était occupé à la manière des physiciens, non au point de vue de la météorologie. On ne savait rien des routes qu’ils suivent, parce que l’observation seule pouvait les faire connaître, et que les observateurs avaient jusqu’alors manqué. L’atlas représente tous les orages de l’année depuis le 7 mai, où le premier apparut, jusqu’au 28 novembre, où le dernier se montra. On a figuré chacun d’eux en traçant sur la carte la ligne des points qu’il occupait aux diverses heures de la journée. Ces lignes montrent aussitôt quelle a été dans chaque contrée l’étendue de l’orage et la vitesse avec laquelle il s’est transporté ; on a indiqué en outre, par des signes convenus, toutes les circonstances qui ont signalé sa marche, la direction des vents, la grêle, la pluie, etc.