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d’un constructeur habile, M. Grouvelle. Non-seulement l’atmosphère est toujours pure et saine, mais de plus le courant est assez énergique pour s’opposer aux émanations du tuyau de descente. Lorsqu’on passe auprès de ces immenses et sombres bâtimens, on se doute peu que la haute cheminée placée au centre déverse par vingt-quatre heures plus de 700,000 mètres cubes d’air infect et corrompu, nuage invisible qui suffirait à rendre insalubre tout un quartier de Paris. Les vents se chargent de dissiper bien vite cette nuée pestilentielle. Les habitans des grandes villes ne devraient jamais se plaindre du vent, ni souhaiter une atmosphère tranquille, car le vent les débarrasse de miasmes redoutables, germe et cause de la plupart des épidémies.

Si l’hygiène trouve un secours efficace dans l’action des ventilateurs artificiels, c’est surtout à l’intérieur des hôpitaux qu’il est utile de mettre en pratique l’usage de ces utiles appareils. L’atmosphère d’un hôpital doit être aussi pure que possible, le principe est évident ; mais les avis paraissent partagés quant aux moyens d’assurer à ces établissemens un aérage convenable. On crut un moment que les malades pourraient être entassés impunément dans une salle, pourvu qu’un large cube d’air fût fourni à chaque lit. Sans même pousser trop loin l’application de ce raisonnement, on se laissait entraîner à subordonner les conditions hygiéniques aux facilités de la surveillance et du service intérieur. Les maîtres de la science médicale ont été d’accord pour reconnaître que la ventilation artificielle ne saurait suppléer au défaut d’aération naturelle. Les hôpitaux modernes, malgré leur belle apparence et le luxe d’appareils perfectionnés qui y rendent la circulation de l’air plus active, ont donné une mortalité plus considérable, surtout pour les opérations graves, que des établissemens plus anciens et moins bien pourvus d’appareils ingénieux. Il est évident d’abord que la pureté de l’atmosphère extérieure, réservoir commun où puisent toutes les parties de l’édifice, est la condition première d’une bonne hygiène ; mais, cette considération écartée, il a encore été donné pour certain que la ventilation artificielle n’a qu’une influence secondaire sur la salubrité d’un hôpital. Disséminer les malades en plusieurs pièces de dimension moyenne plutôt que de les réunir dans une grande salle, classer les individus d’après la nature de leurs maladies, isoler ceux qui sont atteints d’affections contagieuses, prodiguer à tous l’air pur par l’ouverture des fenêtres en. temps opportun et donner à chaque lit un large espace superficiel, voilà les prescriptions nouvelles des médecins les plus autorisés. Rien ne supplée à l’insuffisance ou au défaut de l’aération naturelle, tel est le dernier mot des hygiénistes.

Hâtons-nous de dire que cette conclusion trop sévère ne paraît