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pendant quelques jours à peine. Personne n’ignore que les peuples du midi savent mal se défendre contre les températures rigoureuses, mais que par compensation leurs demeures sont disposées d’une façon souvent ingénieuse pour tempérer les rayons brûlans du soleil. Il serait facile, si le besoin s’en faisait sentir, d’introduire dans nos maisons et dans nos mœurs des procédés analogues. La ventilation est encore contre cet autre fléau le vrai remède : comme l’homme de la fable, elle souffle le chaud et le froid ; encore est-elle souvent impuissante. Les autres moyens que la physique suggère, l’évaporation de l’eau, la fonte de la glace, sont trop coûteux ou trop difficiles à mettre en usage. C’est une question qui mériterait de préoccuper les inventeurs, car celui qui découvrirait un réfrigérant simple et efficace, aussi facile à mettre en action qu’un calorifère en hiver, rendrait à tout le monde et surtout aux méridionaux un service signalé.

Les progrès récens de l’industrie du chauffage et de la ventilation démontrent une fois de plus le caractère essentiellement utile de la science moderne. Traduire les recherches théoriques en résultats favorables au bien-être et à l’hygiène des populations est la préoccupation constante de notre époque. Quelque sujet que l’on aborde, on est forcé de reconnaître au temps présent une avance considérable sur le siècle passé. Cet heureux résultat nous laisse parfois quelques regrets. Dans nos appartemens, maintenus en hiver à une température douce et clémente par des appareils perfectionnés, on se prend à regretter la haute et vaste cheminée des anciens temps, dont le feu clair et le manteau hospitalier avaient bien des charmes ; mais la houille se substitue au bois, comme la vapeur motrice au bras de l’homme, la photographie au dessin, et les cultures artificielles aux produits spontanés de la nature. Ceux même qui gémissent le plus des inventions modernes ne sont pas les derniers à en profiter.


H. BLERZY.