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effort, il n’y a plus, rien ; c’est 100 millions par an, 100 millions de déficit résultant d’une inégalité fondamentale entre les recettes et les dépenses. Comment sortir de là ? Tout le monde a cherché et cherche encore : le problème reste à résoudre. Des impôts nouveaux : le mot seul fait pâlir tous les politiques, excepté quelques courageux ministres des finances qui vont périodiquement se faire battre devant les commissions parlementaires. Le désarmement ! les dépenses militaires ont été déjà diminuées pour 1867, et des diminutions nouvelles, devant lesquelles on s’arrête d’ailleurs par raison politique, ne seraient plus probablement qu’un insuffisant palliatif. Des réformes administratives, économiques ! tout le monde convient quelles sont nécessaires, que le trésor plie sous le poids des frais administration, de perception, des revenus publics ; seulement l’homme intrépide et supérieur capable de braver l’impopularité en portant une main impitoyable sur cette machine confuse dont les abus sont les rouages, cet homme-là n’est pas encore trouvé. Il y a bien, sans doute un moyen simple, prévu : c’est le développement de la richesse nationale, l’accroissement naturel des revenus publics combiné avec l’extinction graduelle des dépenses qui pèsent encore sur le trésor ; mais il faut du temps, il faut des années, et dans l’intervalle les déficits s’accumulent formant comme un dépôt d’arriérés nouveaux qui retombent sur le budget, ajournant l’équilibre désiré et ravivant sans cesse la plaie. Le problème consiste donc à se donner du temps et de l’espace pour ainsi dire à pouvoir disposer d’une somme de 5 ou 600 millions sans recourir à des emprunts onéreux qui ne feraient qu’ajouter un déficit en créant un vide nouveau. Voilà la situation.

Quelle est d’un autre côté, l’importance réelle de ces biens du clergé sur lesquels tous les regards sont fixés, au-delà des Alpes, de cette portion de richesse que M. Scialoja, dans son dernier exposé, appelait essentiellement nationale ? C’est une chose curieuse, et pourtant vraie : on ne sait point au juste en Italie ce qu’est le patrimoine de l’église. Les uns portent le revenu ecclésiastique à plus de 100 millions. Un des plus éminens économistes italiens, M. Minghetti, l’évalue à 90 millions. Le gouvernement le ramenait récemment au chiffre de 67 millions. Le plus probable est que — dans son ensemble, sans compter, il est vrai, la Vénétie, dont la part de patrimoine ecclésiastique n’est point connue, — l’église a au moins 75 millions de revenu[1] : communautés religieuses, 16 millions ; — menses

  1. On comptant dans ces dernières années en Italie, d’après des statistiques approximatives, 84 ordres religieux, dont 80 possédant et 4 mendians. Les ordres religieux possédant avaient 1,724 couvens, les ordres mendians avaient 658 maisons, soit en totalité 2,382 maisons, dont 1,506 appartenaient à des congrégations d’hommes, et 876 à des congrégations de femmes. Le nombre total des religieux, dépassait 50,000, et sur ce chiffre 17,000 selon les uns, 23,000 selon les autres, appartenaient aux ordre mendians, ce qui est près de moitié.