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la délivrance des enfans de France réclamée comme condition préalable de l’abandon de l’Italie, parurent rendre tout accord pour le moment impossible.

En apprenant les exigences de Charles-Quint, auxquelles les succès de son armée et l’appui de ses alliances ne le disposaient pas à se soumettre, François Ier pressa Henri VIII d’agir de concert avec lui conformément aux traités dernièrement conclus, pour contraindre l’empereur à la paix par force, s’il ne s’y décidait pas par raison. Il demanda que les ambassadeurs de France et d’Angleterre en Espagne, ne se laissant plus prendre, comme il le disait, au piège des dissimulations prolongées, reçussent les mêmes instructions, fissent entendre le même langage, sommassent l’empereur d’accepter de justes arrangemens, et, en cas de refus de sa part, lui déclarassent solennellement la guerre[1]. C’est ce qui fut alors décidé par les deux rois. Des dépêches semblables furent adressées à l’évêque de Tarbes, au président de Calvimont[2], à l’évêque de Worcester et à sir Francis Poyntz, qui eurent ordre de se présenter à l’audience de l’empereur, de lui signifier les conditions de la paix, et, s’il n’y accédait pas, de se servir des hérauts d’armes qu’ils avaient avec eux pour lui intimer la guerre.


V.

Pendant que les ambassadeurs de France et d’Angleterre, chargés de faire cette dernière et douteuse tentative, allaient accomplir leur office, François I*’ cherchait à se pourvoir d’argent. Il en avait besoin soit qu’il eût à payer la rançon de ses enfans, soit qu’il eût à continuer la guerre, selon que l’empereur accepterait ou rejetterait les propositions de paix. Les sommes considérables qui lui seraient nécessaires pour s’acquitter avec promptitude envers Charles-Quint ou pour le combattre avec vigueur ne pouvaient pas être fournies par les revenus épuisés de la couronne et les impôts insuffisans de l’état. Il devait dès lors s’adresser à la générosité de son peuple et lui demander une aide extraordinaire. A cet effet, il convoqua une assemblée de notables. Composée de cardinaux, d’archevêques et évêques pour le clergé, des princes du sang, de grands seigneurs chevaliers de l’ordre de Saint-Michel et de gentilshommes pour la noblesse, des présidens et conseillers du

  1. Lettre de François à ses ambassadeurs en Angleterre, le grand-maître Anne de Montmorency, l’évêque de Bayonne J. du Bellay et M. d’Humières, écrite de Paris le 7 nov. 1527. — Ms. Béthune, vol. 8541, f° 40.
  2. Secondes instructions à l’évêque de Tarbes, Gabriel de Gramont, ambassadeur extraordinaire de France auprès de l’empereur, du 11 novembre 1527. — Archives impériales, carton J 666/7bis, — Mss. Dupuy, vol. 495, f° 26.