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relever et prononça debout un long discours où il mêla assez savamment et fort pesamment la politique et l’histoire. Il s’attacha surtout à prouver que le roi ne devait en aucun cas retourner à Madrid, et il offrit une aide considérable de 1,200,000 écus. Le prévôt des marchands, appelé dans cette assemblée, déclara, conformément à une délibération prise le 18 décembre à l’hôtel de ville de Paris, qu’il fallait que le roi demeurât dans le royaume, que 2 millions d’écus d’or fussent consacrés à la délivrance de ses enfans, et il annonça que la ville de Paris y contribuerait pour sa bonne part avec le reste du peuple de France.


VI.

Ce fut peu de temps après le consentement donné à une levée d’argent extraordinaire et générale que les ambassadeurs de François Ier et de Henri VIII signifièrent à Charles-Quint les propositions péremptoires des rois leurs maîtres. Au commencement de janvier 1528, ils réclamèrent le rétablissement immédiat du duc Francesco Sforza dans le duché de Milan, la liberté du dauphin et du duc d’Orléans moyennant la rançon de 2 millions d’écus d’or. Ils déclarèrent qu’avant cela l’armée française ne quitterait pas l’Italie et que le roi de France n’abandonnerait rien de ce qu’il y tenait[1]. L’empereur refusa nettement ces propositions et dit qu’il ne se départait pas du traité de Madrid et des dernières offres qu’il avait faites. C’était la fin de toute négociation et le commencement de la guerre ouverte.

Le 22 janvier en effet, la guerre fut solennellement déclarée à r empereur par les deux hérauts d’armes de France et d’Angleterre, Guyenne et Clarenceaulx, que François Ier et Henri Mil, prévoyant le refus de la paix, avaient dépêchés depuis plusieurs mois en Espagne. Charles-Quint voulut recevoir cette déclaration et y répondre en présence de toute sa cour. Assis sur son trône, environné de ses grands-officiers, de beaucoup de prélats, des principaux seigneurs d’Espagne et des gens de son conseil, il fit introduire les deux hérauts d’armes. Ceux-ci s’avancèrent du bout de la salle, firent trois révérences en mettant genou en terre, et lorsqu’ils furent au bas des marches du trône, ils se revêtirent de leurs cottes aux armes de France et d’Angleterre, qu’ils portaient sur le bras gauche. Ils demandèrent la permission de déclarer ce qu’ils avaient à dire de la part de leurs maîtres, suppliant l’empereur de respecter les privilèges de leurs fonctions et de pourvoir à leur sûreté dans ses états, en attendant de leur communiquer sa ré-

  1. Sandoval, t. Ier, lib. XIV, § XIX, p. 836.