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de la Finlande aboutissaient donc à une Baltique dont les rivages se trouvaient à un niveau inférieur à celui qu’ils occupent aujourd’hui. En Allemagne, cette mer s’étendait jusqu’au pied des montagnes de la Bohême, en Pologne jusqu’aux Carpathes, en Russie jusqu’à l’Oural. Une portion de la côte orientale de l’Angleterre et du bord septentrional du Finistère étaient également sous l’eau. Dans la Russie d’Europe, les blocs erratiques couvrent une surface limitée par une courbe qui part de Kœnigsberg pour aboutir à Archangel. Elle a été tracée d’une main sûre par MM. Murchison, de Verneuil et Keyserling, qui partout, sur les bords de la Dwina et ailleurs, ont retrouvé les coquilles arctiques de cette mer glaciale. Les blocs de la Finlande sont originaires des Alpes laponnes, ceux des plaines de la Prusse et de la Pologne proviennent de la Suède, et ceux de la côte orientale d’Angleterre de la Norvège, formant ainsi un immense éventail dont les rayons viennent aboutir à l’axe de la presqu’île scandinave. Ces blocs sont d’autant moins gros qu’ils sont plus éloignés de leur point de départ, parce que les glaces flottantes, diminuant de volume en fondant à mesure qu’elles s’avancent vers le sud, ne transportent plus à la fin de leur parcours que de petits blocs ou de menus débris, tels que des cailloux ou des fragmens de médiocre grosseur. Seuls, comme on le voit, les phénomènes glaciaires nous rendent compte du transport de ces blocs, dont l’origine étrangère était avérée longtemps avant qu’on pût expliquer comment ils étaient venus.


II. — LA PÉRIODE GLACIAIRE DANS LES ILES BRITANNIQUES.

On l’a vu, les îles britanniques, depuis le nord de l’Ecosse jusqu’à la latitude de Londres, sont couvertes d’un terrain de transport glaciaire. Les Anglais le désignent sous le nom de drift. La grande presqu’île des Cornouailles et la côte qui fait face à la France, comprenant les comtés de Cornwall, Devon, Somerset, Glocester, Wilts, Dorset, liants, Sussex, Surrey et Kent, sont les seules où les terrains ne soient pas revêtus de ce manteau dont tous les matériaux sont étrangers au sol sur lequel ils reposent. Comme en Scandinavie, le phénomène se complique de l’exhaussement et de l’affaissement ou mieux de la subsidence du sol, pour employer un mot anglais dont la langue géologique réclame la naturalisation. Les mers qui baignent l’Angleterre sont peu profondes. Déjà en 1834 Henri de La Bêche traçait une carte, améliorée depuis par Lyell, pour montrer le changement énorme qui se produirait, si la terre et le fond de la mer des îles britanniques s’exhaussaient de 180 mètres seulement. Alors cet archipel formerait un grand