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plus les parages septentrionaux de l’Europe, et un climat plus froid amène l’extension des glaciers. On oublie que ce climat avec un ciel plus serein aurait des hivers plus froids, des étés plus chauds et un air plus sec, moins de neige dans la saison rigoureuse et par conséquent point de glaciers. D’ailleurs cette hypothèse locale est sujette aux mêmes difficultés que celle de M. Escher : les anciens glaciers des Carpathes, du Caucase, du Liban, du Chili, de la Nouvelle-Zélande, restent inexpliqués.

Tout tend à prouver que la période glaciaire est un phénomène cosmique commun aux deux hémisphères : dans l’un et l’autre, il est le dernier grand changement que nous puissions constater, et rien n’indique qu’il ne s’est pas produit simultanément autour de l’un et de l’autre pôle. Une cause générale peut donc être seule invoquée, mais aucune n’a satisfait les esprits positifs, car toutes sont encore à l’état de pures hypothèses. On a dit que le soleil ne pouvait pas sans cesse nous réchauffer sans perdre de sa chaleur, et que ce refroidissement a dû avoir pour conséquence une époque de froid; mais, si cela était, d’où vient que la terre s’est réchauffée depuis cette époque? d’où vient que le climat des deux hémisphères s’est amélioré? Ce n’est pas la cause du froid de la période glaciaire, dit fort judicieusement M. Edouard Collomb, c’est celle du réchauffement consécutif à cette époque qu’il s’agit de déterminer. En effet, la terre à son origine était un globe incandescent circulant dans l’espace; son refroidissement lent, mais continu, fait comprendre pourquoi la température des climats terrestres a été continuellement en diminuant, et la période glaciaire n’est que la suite et la conséquence de ce refroidissement séculaire. Si nous supposons que la chaleur du soleil puisse s’accroître, alors tout s’explique. Cette chaleur supplémentaire compensera le refroidissement continu de notre globe, et une période de réchauffement, celle où nous vivons, suivra l’époque de froid que nos sauvages ancêtres ont traversée. La théorie météorique de M. Mayer[1] rend compte de la constance de la chaleur solaire et montre qu’elle peut même s’accroître considérablement. La voici réduite à sa plus grande simplicité. Tout le monde sait que la terre circule autour du soleil non-seulement avec les huit grandes et les quatre-vingt-onze petites planètes connues, mais avec une foule de corps de moindre volume appelés astéroïdes. Ce sont ces astéroïdes qui, en traversant notre atmosphère, nous apparaissent comme des étoiles filantes et prennent le nom d’aérolithes quand elles tombent à la surface de la terre : le nombre en est infini. Or les astronomes pensent que ces astéroïdes tendent sans cesse à se rapprocher du soleil; toutefois,

  1. Dynamik des Himmels, p. 10.